Alors que la guerre en Ukraine s’enlise dans sa troisième année, les États-Unis et l’Union européenne s’apprêtent à intensifier leurs pressions économiques contre Moscou. Un 17e paquet de sanctions est sur la table côté européen, tandis que Washington finalise de nouvelles mesures ciblant des piliers de l’économie russe, dont les secteurs bancaire et énergétique. Mais l’équation diplomatique reste incertaine : Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, n’a toujours pas tranché s’il signera ou non ces nouvelles sanctions, selon plusieurs sources au sein de l’administration américaine.
Les responsables américains ont confirmé que les cibles envisagées incluent le géant gazier Gazprom et plusieurs institutions bancaires stratégiques. Ces mesures visent à renforcer la pression sur Vladimir Poutine, accusé par Trump de rejeter systématiquement les propositions américaines de cessez-le-feu. « C’est entièrement sa décision », confie un haut responsable au sein du Conseil de sécurité nationale, soulignant l’ambivalence du président, oscillant entre volonté de paix et retenue face à Moscou.
Cette hésitation intervient alors que Trump a pourtant signé un accord important avec l’Ukraine mercredi, ouvrant la voie à une coopération stratégique dans l’exploitation des minerais et ressources naturelles ukrainiennes. « Cet accord crée des opportunités d’investissements significatifs en Ukraine », s’est félicité le président Zelensky, y voyant un signal d’engagement durable de la part de Washington.
En Europe, le ton se durcit également. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a annoncé l’imminence d’un nouveau paquet de sanctions européennes. « Nous allons accompagner l’initiative américaine avec un 17e paquet de sanctions », a-t-il affirmé à l’AFP, insistant sur la coordination en cours entre Bruxelles et Washington sur la substance et le calendrier des mesures.
Lors d’une rencontre à Washington avec son homologue américain Marco Rubio, M. Barrot a aussi déclaré que « Vladimir Poutine est aujourd’hui le seul obstacle à la paix », estimant que l’Ukraine avait respecté sa part des engagements en acceptant un accord « équitable » avec les États-Unis.
Alors que l’administration Trump tentait jusqu’à récemment de ménager le Kremlin, plusieurs événements récents ont relancé les dynamiques punitives. D’une part, les nouvelles offensives russes sur des villes ukrainiennes, comme à Odessa, ont relancé l’appel de Zelensky à des « sanctions efficaces » pour contraindre la Russie à négocier. D’autre part, des révélations troublantes ont émergé : selon Vladimir Poutine, des ressortissants français combattraient désormais aux côtés de l’armée russe au sein d’une unité baptisée « Normandie-Niémen », en référence à l’escadron historique franco-soviétique de la Seconde Guerre mondiale.
Côté ukrainien, la tension est également montée avec une tentative d’assassinat contre le nationaliste influent Serguï Sternenko, attribuée à la Russie. Le SBU, les services de sécurité ukrainiens, ont déjoué l’opération à Odessa, ravivant les inquiétudes sur les opérations clandestines russes en territoire ukrainien.
Alors que la diplomatie patine, l’issue dépendra une fois de plus de la décision de Trump. Après avoir suspendu plusieurs dispositifs de sanctions lors de ses premiers mois en fonction, il semble aujourd’hui basculer vers une ligne plus dure. Une inflexion dictée moins par un revirement idéologique que par le refus obstiné de Poutine de saisir l’offre de paix américaine.