Après trois séances consécutives de recul, les cours du pétrole brut ont enregistré une légère reprise ce jeudi, dans le sillage d’un rebond des marchés boursiers américains stimulé par des résultats meilleurs que prévu dans le secteur technologique. Le Brent de la mer du Nord, pour livraison en juillet, gagnait 0,43 % à 61,32 dollars le baril, tandis que le WTI américain avançait de 0,41 % à 58,45 dollars
Cette embellie, bien que fragile, s’explique en grande partie par la publication de bénéfices solides chez Microsoft et Meta, qui ont ravivé l’optimisme des investisseurs quant à la solidité du secteur technologique et à son rôle moteur dans la croissance américaine, malgré une contraction du PIB de 0,3 % au premier trimestre.
Mais ce rebond des cours reste menacé sur plusieurs fronts. Les marchés pétroliers s’inquiètent d’un éventuel changement de stratégie de l’OPEP+ lors de sa réunion du 5 mai. Selon plusieurs sources, l’Arabie saoudite envisagerait une hausse de production significative pour reprendre des parts de marché, notamment face à l’indiscipline de certains membres du cartel comme l’Irak ou le Kazakhstan, qui dépassent régulièrement leurs quotas.
À cela s’ajoute l’hypothèse d’un dégel diplomatique entre Téhéran et Washington. Le report des prochaines négociations nucléaires, initialement prévues le 4 mai, suscite déjà des spéculations sur un retour massif de barils iraniens sur le marché en cas d’allègement des sanctions américaines. Une telle perspective pourrait exercer une pression baissière supplémentaire sur les prix.
Du côté de l’offre, la position saoudienne semble désormais claire : Ryad ne souhaite plus jouer le rôle de garant des prix et affirme pouvoir « survivre à une période prolongée de prix bas », selon des confidences rapportées par Reuters. Un signal fort envoyé aux marchés et aux partenaires, alors que l’OPEP+ peine à maintenir la discipline interne.
Enfin, sur le plan macroéconomique, les perspectives demeurent sombres : la contraction de l’économie américaine et la multiplication des barrières tarifaires imposées par l’administration Trump continuent de freiner la croissance mondiale. Un sondage Reuters indique même que la politique commerciale américaine pourrait plonger l’économie mondiale dans une récession au cours de l’année.
Si le rebond technique du pétrole semble encouragé par des facteurs ponctuels liés aux marchés boursiers, les fondamentaux — qu’ils soient géopolitiques, économiques ou liés à la stratégie de l’OPEP+ — demeurent fragiles et volatils. Le marché reste suspendu aux décisions saoudiennes, à l’issue des négociations nucléaires avec l’Iran, et à l’évolution de la conjoncture mondiale dominée par l’incertitude.