Le Niger a officiellement mis fin à sa participation au projet du gazoduc transsaharien, un ambitieux pipeline censé relier le Nigeria à l’Algérie à travers le territoire nigérien. Ce retrait marque un coup dur pour Alger, déjà affaiblie par une perte de crédibilité régionale.
Lancé dans les années 1980, le gazoduc transsaharien (TSGP), long de près de 4 000 km, devait transporter le gaz nigérian vers l’Europe via l’Algérie. Mais après des décennies d’études et d’annonces sans concrétisation, Niamey a décidé de tourner la page. Les autorités nigériennes estiment que ce projet n’a jamais dépassé le stade de la spéculation, en grande partie à cause de l’indifférence d’Alger et de l’insécurité chronique dans la région.
Cette décision intervient dans un contexte diplomatique tendu entre l’Algérie et l’alliance des États sahéliens formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces trois pays accusent Alger de jouer un double jeu en matière de lutte contre le terrorisme, notamment en abritant ou en facilitant le passage d’ex-combattants islamistes issus de la guerre civile algérienne des années 1990.
Selon plusieurs experts sahéliens, les groupes terroristes les plus actifs dans la région – AQMI, EI-Sahel – ont des racines algériennes. Cette accusation est devenue un point central de la rupture entre Alger et ses voisins du sud.
Outre les accusations de complaisance envers les groupes armés, l’Algérie est également critiquée pour sa politique migratoire brutale, en particulier envers les migrants nigériens. Des milliers d’entre eux auraient été expulsés de manière inhumaine vers les zones désertiques à la frontière, dans des conditions dénoncées par plusieurs ONG internationales.
Au-delà de ces soupçons, l’Algérie est également critiquée pour sa politique migratoire répressive. Des milliers de migrants subsahariens, principalement nigériens, auraient été expulsés de force vers les zones désertiques de la frontière sud, dans des conditions souvent inhumaines, selon des rapports d’ONG.
En perdant l’adhésion du Niger, l’Algérie voit s’écrouler un des derniers piliers de son ambition énergétique régionale. Le TSGP constituait sur le papier une opportunité pour Alger de redevenir un partenaire stratégique de l’Europe, surtout depuis la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. Ce retrait nigérien apparaît donc comme un camouflet géopolitique, affaiblissant davantage une diplomatie algérienne déjà marginalisée sur le continent.
Face aux recompositions régionales et à l’émergence de nouvelles alliances pragmatiques en Afrique de l’Ouest, l’Algérie donne l’image d’un acteur figé, enfermé dans une logique de puissance héritée d’un passé révolu. Loin de s’adapter aux mutations du continent, Alger semble prisonnière d’une diplomatie rigide, inapte à établir des partenariats de confiance.