Le 10 juin 2025, un communiqué du Bureau de contrôle des avoirs étrangers (Office of Foreign Assets Control – OFAC), relevant du département du Trésor des États-Unis, a annoncé une nouvelle série de sanctions visant cinq individus et cinq organisations caritatives étrangères, accusées de financer la branche armée du Hamas. Parmi elles figure l’association algérienne El Baraka pour le Travail Caritatif et Humanitaire, accusée d’avoir détourné des fonds à des fins terroristes.
Selon les autorités américaines, El Baraka, sous la direction de son président Ahmed Brahimi, aurait utilisé son statut humanitaire pour masquer des transferts de fonds vers le Hamas, mouvement islamiste palestinien classé comme organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs autres puissances occidentales.
Le département du Trésor affirme que les fonds détournés provenaient en partie de donateurs de bonne foi, persuadés de contribuer à une aide aux civils palestiniens. « En réalité, ces contributions alimentaient les caisses du Hamas et finançaient ses activités armées », précise le communiqué. En conséquence, tous les avoirs et intérêts aux États-Unis appartenant à l’association et à Ahmed Brahimi sont désormais gelés, et toute transaction avec eux est interdite pour les entités américaines.
L’ONG El Baraka est notamment active dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie. Officiellement, elle y mène des actions humanitaires en faveur des populations sahraouies. Toutefois, les liens étroits qu’elle entretient avec le Front Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par Alger et opposé au Maroc, soulèvent depuis des années des suspicions quant à l’utilisation politique de l’aide humanitaire dans cette région.
Ces accusations prennent une tout autre dimension dans le contexte géopolitique actuel, où la lutte contre le financement du terrorisme devient un axe central de la diplomatie américaine, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Ce n’est pas la première fois que des structures caritatives basées en Afrique du Nord sont visées par les États-Unis pour des liens présumés avec le Hamas. Ce qui est nouveau ici, c’est l’implication directe d’une organisation algérienne, dans un contexte où Alger se positionne de plus en plus comme acteur majeur dans les dossiers régionaux, notamment au Sahel et en Méditerranée.
Par ailleurs, cette décision intervient peu après l’annonce de l’Union européenne qui, en mai dernier, a inscrit l’Algérie sur sa liste des pays à haut risque en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Une décision jugée « injustifiée » par Alger, mais qui témoigne d’un renforcement de la méfiance occidentale envers les circuits financiers opérant depuis ou via le territoire algérien.
Ces sanctions risquent d’avoir des répercussions diplomatiques notables. D’un côté, elles entachent la crédibilité du tissu associatif algérien à l’international, particulièrement auprès des bailleurs de fonds internationaux. De l’autre, elles renforcent l’image d’une Algérie ambivalente sur la scène diplomatique : officiellement engagée pour la paix et les droits des peuples, mais soupçonnée de tolérer ou de faciliter des opérations peu transparentes au nom de causes politiques.
Le gouvernement algérien n’a, pour l’heure, pas réagi officiellement à l’annonce des sanctions américaines. Toutefois, selon plusieurs analystes, il est probable qu’Alger dénonce une instrumentalisation du droit international à des fins politiques, dans un contexte de tensions accrues entre les États-Unis et certains régimes du Sud global.