Alors que tous les yeux sont rivés sur la Libye pendant les négociations à Bouznika, le président Recep Tayyip Erdogan a rencontré ce dimanche le président du Conseil présidentiel du gouvernement libyen d’accord national, Fayez Al-Sarraj, au bureau présidentiel de Dolmabahçe à Istanbul. Les dirigeants abordent la dernière situation en Libye.
Les forces du gouvernement d’accord national (GNA) de Tripoli, dirigées par le Premier ministre Fayez Al-Sarraj, ont dénoncé l’arrivée à Syrte de combattants syriens envoyés de Russie en soutien à l’Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le général Khalifa Haftar et proche du gouvernement de Tobrouk. Un avion de transport russe aurait atterri sur la base aérienne de Ghardabiya, contrôlée par l’ANL, située à 20 km au sud de Syrte, à 11 heures, heure locale, le 3 octobre, amenant des combattants syriens en Libye et faisant craindre que Haftar veuille interrompre le cessez-le-feu, annoncé le 21 août dernier, par la présidente de la Chambre des représentants du gouvernement de Tobrouk, Aguila Saleh, et par le Premier ministre de Tripoli Al-Sarraj. Haftar, après avoir rejeté l’accord, a violé à plusieurs reprises la trêve et la nouvelle de l’arrivée de mercenaires syriens pourrait laisser présager l’intention de rassembler des hommes pour attaquer Syrte.
Dans le contexte général du conflit libyen, la Russie a été accusée à plusieurs reprises, notamment par les États-Unis, d’avoir fourni aux milices de Haftar des armes et des mercenaires appartenant à la société de sécurité privée russe Wagner, qui, entre autres, aurait joué un rôle fondamentale dans l’offensive lancée contre Tripoli par Haftar le 4 avril 2019 et rejetée par les milices du GNA, également grâce à l’aide de la Turquie, le 4 juin de l’année suivante. Cependant, Moscou a toujours ressenti sa propre implication dans le conflit libyen.
La ville de Syrte, avec la base aérienne d’Al-Jufra, représente le dernier front de combat dans lequel les tensions entre le GNA et l’ANL et leurs alliés respectifs s’étaient exacerbées avant le cessez-le-feu. Les deux positions ont été revendiquées à plusieurs reprises par le gouvernement Al-Sarraj et son principal allié, la Turquie, qui, avant le cessez-le-feu, avaient placé leur libération par Haftar comme une condition préalable à la conclusion d’une trêve. Au contraire, l’Égypte et la Russie, alliées de l’ANL, avaient affirmé que Syrte et Al-Jufra représentaient une « ligne rouge » à ne pas franchir et, à cet égard, le 20 juillet, le Parlement égyptien a approuvé à l’unanimité une disposition qui autorise le déploiement de ses troupes hors des frontières nationales, démontrant la volonté du Caire d’intervenir si nécessaire.
D’un point de vue politique, depuis le soir du 2 octobre, des négociations sont en cours entre les représentants du Haut Conseil d’État de Tripoli et la Chambre des représentants de Tobrouk. Un membre de la première délégation, Driss Omran, a révélé que la réunion s’est déroulée dans un climat de compréhension et de consensus et que les parties continueront de se rencontrer pour parvenir à un accord politique pour rétablir le dialogue entre Tobrouk et Tripoli et assurer la mise en œuvre de l’article 15 .