Le président des États-Unis, Joe Biden, a officiellement reconnu le génocide arménien, perpétré pendant la Première Guerre mondiale. Plusieurs personnalités turques ont exprimé leur désaccord.
La référence va, plus précisément, aux déportations et meurtres perpétrés par l’Empire ottoman, entre 1915 et 1916, qui ont causé la mort de 1,5 million d’Arméniens. Bien que 29 autres pays aient également pris des mesures similaires, Biden représente le premier président américain à officialiser le génocide, l’appelant ainsi. Pour le chef de la Maison Blanche, son geste ne vise pas à blâmer la Turquie, mais à « confirmer l’histoire » et à faire en sorte que des phénomènes similaires ne se reproduisent plus. D’Arménie sont venues des déclarations en faveur du geste de Washington. En particulier, le Premier ministre Nikol Pashinyana parlé d’un « pas puissant », et a souligné que la reconnaissance du génocide arménien représente une question de « vérité, justice historique et sécurité » pour la République d’Arménie, en particulier après les événements dans la région au cours de l’année écoulée. En parallèle, pour l’ambassadeur arménien aux États-Unis, Varuzhan Nersesyan, le président des États-Unis a envoyé un message fort en faveur de la défense des droits de l’homme. C’est le même ambassadeur qui a rapporté, peu de temps avant l’annonce par la Maison Blanche, que le génocide arménien n’est pas un événement passé ou qui doit être lié uniquement au peuple arménien, mais c’est une question qui concerne tout le monde.
Au contraire, pour le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, la déclaration de Biden représente une falsification des événements qui ont eu lieu il y a cent ans et les tentatives de « réécrire l’histoire », déformer la réalité des faits pour exercer une pression au niveau politique est « inacceptable « . La décision de la Maison Blanche n’a pas non plus été bien accueillie en Turquie. Pour le ministère turc des Affaires étrangères, l’annonce de Biden manque de « base légale » et, par conséquent, Ankara a qualifié cette décision d’inacceptable et l’a condamnée « fermement ». Enfin, la déclaration du 24 avril a causé, selon la Turquie, une blessure dans les relations entre Ankara et Washington qui sera difficile à cicatriser.
En outre, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a souligné que son pays n’a pas de « leçons à tirer » de son passé et que de simples mots ne peuvent « changer ou réécrire l’histoire ». C’est Cavusoglu lui-même qui a convoqué l’ambassadeur américain à Ankara, David Satterfield, dans la soirée du 24 avril, afin de transmettre la «forte réaction» de la Turquie à ce qui s’est passé. De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a également rejeté la démarche américaine, dénonçant la «politisation par des tiers» du débat sur le génocide et leur ingérence dans les affaires internes. Des déclarations similaires sont également venues du vice-président turc, Fuat Oktay, qui a déclaré que la déclaration de Biden, basée sur les accusations sans fondement de l’Arménie, montre comment l’histoire a été déformée par des calculs politiques et, par conséquent, le geste de Biden n’a aucune valeur pour l’histoire ou pour la nation de son pays. De plus, pour Oktay, Washington ignore les souffrances subies par ces Turcs tués en 1915 par des gangs arméniens. Cependant, les archives turques relatives à cette période historique seront «toujours ouvertes à ceux qui souhaitent connaître les faits».