La récente tentative de coup d’État en Bolivie, orchestrée par le général Juan José Zúñiga, met en lumière une série de tensions sous-jacentes dans le pays, exacerbées par une crise économique sévère et des rivalités politiques croissantes. Cet événement dramatique a révélé les fractures au sein de l’appareil militaire et le défi constant pour maintenir la stabilité démocratique dans un pays marqué par une longue histoire de coups d’État.
La Bolivie, avec près de 40 tentatives de coups d’État depuis 1946, est historiquement sujette à des périodes de forte instabilité politique. Actuellement, le pays traverse une crise économique aiguë, caractérisée par la diminution des réserves de devises étrangères et des pénuries de produits de première nécessité. Cette situation a provoqué des manifestations de rue et une profonde insatisfaction populaire, ce qui a créé un terreau fertile pour des actions extrémistes.
La tentative de prise de pouvoir par le général Zúñiga, fraîchement démis de ses fonctions, montre une scission inquiétante au sein des forces armées boliviennes. Le fait que des unités militaires aient pu envahir le palais présidentiel avant d’être repoussées par l’intervention directe du président Luis Arce souligne à la fois la fragilité du contrôle civil sur l’armée et le potentiel de factionnalisme militaire.
Zúñiga, en accusant Arce d’avoir orchestré une mise en scène pour accroître sa popularité, ajoute une dimension supplémentaire de complexité et de méfiance, amplifiant les tensions politiques. Le déni catégorique de ces accusations par le ministre de la Justice, Ivan Lima, n’a pas suffi à dissiper les doutes dans l’opinion publique.
La confrontation entre Arce et Zúñiga s’inscrit également dans un contexte de rivalité politique intense entre Arce et l’ancien président Evo Morales. Morales, qui envisage de se présenter aux élections générales de 2025, représente une force politique majeure et son opposition à Arce pourrait diviser davantage les soutiens au sein du parti Mouvement vers le socialisme (MAS).
Cette tentative de coup d’État pourrait être interprétée comme une manifestation de la lutte pour le pouvoir entre ces deux figures politiques. Arce, en sortant triomphant de cette crise, a renforcé sa position, mais les accusations de manipulation et de théâtralisation de l’incident laissent planer une ombre sur son leadership.
La condamnation immédiate et ferme de la tentative de coup d’État par les dirigeants régionaux et internationaux, y compris des pays comme le Chili et des organisations comme l’Organisation des États américains (OEA), montre une solidarité envers la démocratie bolivienne. Cependant, cette solidarité ne suffira pas à résoudre les problèmes internes du pays.
La tentative de coup d’État manquée en Bolivie est un symptôme des tensions politiques et économiques profondes qui secouent le pays. Alors que le président Arce a temporairement consolidé son pouvoir, la crise révèle les défis constants auxquels il est confronté pour maintenir la stabilité et la démocratie. La Bolivie devra naviguer prudemment entre la gestion des crises économiques et la consolidation d’une gouvernance démocratique robuste pour éviter de nouvelles tentatives de déstabilisation.