Le président Emmanuel Macron a subi une défaite cuisante au premier tour des élections législatives anticipées, une conséquence directe de sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Misant sur les divisions de la gauche et le rejet de l’extrême droite pour obtenir une majorité absolue, Macron a été largement devancé par le Rassemblement national (RN) et ses alliés, ainsi que par le Nouveau Front populaire (NFP).
La stratégie de dissolution de Macron, annoncée le 9 juin, s’appuyait sur une tactique éprouvée : diviser pour mieux régner. Il espérait que la gauche désunie et le spectre de l’extrême droite permettraient à la coalition présidentielle Ensemble de s’imposer. Cependant, ce calcul s’est avéré erroné. Le RN, avec 33,2 % des voix, et le NFP, avec 28,1 %, ont tous deux surpassé la coalition présidentielle, qui n’a obtenu que 21,0 % des suffrages.
Les résultats de ce premier tour montrent une fracture politique profonde et la fin de la stratégie du barrage républicain, autrefois efficace pour contrer l’extrême droite. La dissolution de l’Assemblée nationale, perçue comme une « grenade dégoupillée » par Macron, a finalement eu l’effet inverse, unissant les forces de gauche et renforçant le RN.
Le président français, autrefois omniprésent et confiant, s’est retrouvé isolé. Des personnalités politiques clés, comme l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ont exprimé publiquement leur désaccord et leur pessimisme quant à l’issue de cette manœuvre politique. Philippe a même déclaré que Macron avait « tué la majorité », tandis que Darmanin annonçait sa décision de ne pas rester ministre.
Malgré des efforts de dernière minute pour rallier les électeurs, y compris des interventions médiatiques fréquentes et une campagne intensive, Macron n’a pas réussi à inverser la tendance. Les candidats de la coalition présidentielle ont même pris leurs distances avec lui, évitant d’associer leur image à celle du président.
Le contraste avec le raz-de-marée de 2017 est frappant. À l’époque, l’image de Macron suffisait à faire élire des novices en politique. Aujourd’hui, après sept années de pouvoir marquées par des réformes controversées et une gouvernance parfois perçue comme autoritaire, la dynamique est totalement différente.
Les projections des sondeurs pour le second tour, prévu le 7 juillet, sont sombres pour la coalition présidentielle. Avec seulement 70 à 100 sièges potentiels, contre 290 à 330 pour les deux autres forces politiques majeures, l’avenir politique de Macron et de son mouvement est incertain.
Face à la montée en puissance du RN, Macron et ses alliés se voient contraints de jouer les arbitres entre l’extrême droite et la gauche unie. Le Premier ministre Gabriel Attal a appelé à un « large rassemblement démocrate et républicain » pour empêcher le RN d’obtenir une majorité absolue. Des désistements en faveur des candidats du NFP ont déjà été annoncés, soulignant la volonté de barrer la route à l’extrême droite.
L’échec de Macron après la dissolution de l’Assemblée nationale est une leçon politique majeure. Cette défaite montre les limites de stratégies électorales basées sur des calculs de divisions et met en évidence les risques de sous-estimer la force des oppositions, qu’elles soient de gauche ou d’extrême droite. L’avenir politique de Macron est désormais marqué par l’incertitude, et il devra naviguer avec prudence pour éviter que cette défaite ne mène à une remise en question totale de son mandat et à un possible prise de pouvoir par le RN.