Face à une mobilisation massive, le Parlement indonésien a renoncé à ratifier une réforme électorale qui avait suscité une vive controverse. Cette décision intervient après que des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le Parlement à Jakarta, dénonçant une tentative de consolidation du pouvoir par le président sortant, Joko Widodo.
La réforme visait à modifier les lois électorales en Indonésie, notamment en annulant une décision de la Cour constitutionnelle qui fixe à 30 ans l’âge minimum pour se présenter aux postes de gouverneur régional. Cette mesure aurait permis au fils cadet du président, Kaesang Pangerap, âgé de 29 ans, de concourir lors des prochaines élections régionales dans le centre de Java. Une telle modification des règles aurait renforcé l’influence politique de la famille présidentielle, ce qui a déclenché une large opposition.
Le Parlement s’est réuni en session d’urgence le jeudi 22 août pour discuter de la réforme. Cependant, la session n’a pas pu atteindre le quorum nécessaire, et sous la pression des manifestants, le vice-président du Parlement, Sufmi Dasco Ahmad, a annoncé l’abandon de la ratification de la réforme. Les manifestants, certains ayant franchi les barrières du Parlement, ont été dispersés par la police à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, illustrant la tension extrême autour de cette question.
Ce recul du Parlement intervient dans un climat politique tendu, marqué par des accusations de népotisme à l’encontre de Joko Widodo, dont le fils aîné, Gibran Rakabuming Raka, a récemment été nommé vice-président grâce à une autre décision controversée de la Cour constitutionnelle. La participation de proches du président dans la vie politique, facilitée par des réformes judiciaires, a alimenté les craintes d’une dérive autoritaire en Indonésie.
L’annulation de la réforme électorale, bien que vue comme une victoire par les manifestants, soulève des questions sur l’avenir de la démocratie en Indonésie. La forte mobilisation citoyenne démontre une vigilance accrue face aux tentatives de modification des règles du jeu politique, mais le contexte reste fragile. Le président Widodo, qui quittera ses fonctions en octobre 2024, laisse derrière lui un héritage controversé, marqué par des tensions entre la volonté de modernisation et les dérives autocratiques perçues.
Les manifestations du 22 août ne se sont pas limitées à Jakarta. D’autres grandes villes indonésiennes comme Bandung, Yogyakarta, Surabaya, et Makassar ont également été le théâtre de rassemblements, signalant une préoccupation nationale quant à l’avenir de la démocratie indonésienne. Ces événements rappellent que les citoyens restent les garants ultimes des institutions démocratiques, et que toute tentative de manipulation du processus électoral est susceptible de provoquer une réaction populaire forte.