Dans la nuit du dimanche 27 octobre 2024, une attaque meurtrière orchestrée par le groupe terroriste nigérian Boko Haram a frappé une base militaire tchadienne située à Barkaram, près de la frontière avec le Nigeria, non loin du lac Tchad. Cette offensive tragique a coûté la vie à au moins 40 soldats tchadiens et a permis aux assaillants de s’emparer de matériel militaire, y compris des armes et des véhicules lourds qu’ils ont incendiés avant de fuir.
Selon un communiqué publié lundi par la présidence tchadienne, cette attaque a ciblé une garnison qui abritait plus de 200 militaires. L’assaut a eu lieu à 22 heures et a surpris les forces armées, permettant aux terroristes de prendre le contrôle de la garnison, de récupérer des armes, et de causer d’importantes destructions matérielles. En plus des pertes humaines, l’attaque a également fait une vingtaine de blessés.
Le président Mahamat Idriss Déby Itno s’est rendu sur les lieux de l’attaque dès le lendemain matin et a ordonné le lancement de l’opération Haskanite, visant à poursuivre les assaillants. Le communiqué de la présidence n’a pas précisé quelles forces ont été mobilisées pour cette opération. Le gouverneur de la région du Lac a assuré que, malgré les lourdes pertes, « la situation est sous contrôle et nos forces sont sur place à la poursuite de l’ennemi ».
Les attaques de Boko Haram sont devenues fréquentes dans la région du lac Tchad, où les militaires tchadiens sont régulièrement ciblés. Ce contexte instable est aggravé par l’insurrection de Boko Haram, qui a débuté en 2009 au Nigeria et a causé depuis environ 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés. En mars 2020, une offensive sur la presqu’île de Bohoma avait déjà entraîné des pertes massives, faisant une centaine de morts parmi les forces armées tchadiennes.
Les répercussions de cette insurrection s’étendent également aux pays voisins, avec plus de 220 000 personnes déplacées dans la province du lac Tchad, selon l’Office international pour les migrations (OIM).
Cette attaque intervient à un moment où le président Déby vient de restructurer les forces armées, avec des limogeages et des nominations, en réponse à des critiques sur sa gestion de la sécurité. Le pouvoir tchadien a également été accusé de faciliter la livraison d’armes des Émirats arabes unis aux Forces de soutien rapide (FSR) impliquées dans le conflit soudanais. Ces accusations, que le Tchad et les Émirats ont niées, ajoutent une dimension supplémentaire aux défis sécuritaires du pays.
Le président a réaffirmé son engagement à défendre et sécuriser l’ensemble du pays, tentant de rassurer les populations locales face à cette nouvelle escalade de violence.