Le dernier rapport de l’ONU sur la situation au Soudan révèle des niveaux alarmants de violences sexuelles, y compris des viols collectifs, qui se sont généralisés dans le contexte du conflit dévastateur qui ravage le pays depuis 18 mois. Mohamed Chande Othman, président de la mission d’établissement des faits sur le Soudan, qualifie cette situation de « choquante », precisant en l’absence totale de lieux sûrs pour les civils..
Le conflit, qui a éclaté en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (SAF) et leurs anciens partenaires, les Forces de soutien rapide (RSF), a entraîné des déplacements massifs, affectant plus de 11 millions de personnes. Cette guerre s’est traduite par une crise humanitaire sans précédent, avec des millions de personnes fuyant non seulement vers des régions plus sûres à l’intérieur du Soudan, mais aussi vers les pays voisins, exacerbant les tensions dans une région déjà fragile.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, exprime une « profonde inquiétude » face à l’escalade des hostilités, en particulier après des attaques violentes dans des villages comme Al-Seriha, où des massacres ciblant des groupes ethniques ont été signalés. Les répercussions sur la population civile sont catastrophiques, et les atrocités rapportées indiquent un niveau de brutalité inquiétant.
Le rapport de la mission d’enquête indépendante des Nations Unies souligne que les violences sexuelles sont omniprésentes, en particulier dans les régions du Grand Khartoum, du Darfour et de Geziera. Des actes horribles, y compris des agressions sexuelles contre des femmes et des enfants, sont qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le témoignage d’un professionnel de santé évoque des cas tragiques, notamment celui d’une fillette de 11 ans décédée à la suite de viols.
Malgré la gravité de la situation, la réponse internationale reste profondément insuffisante. L’appel humanitaire de l’ONU pour le Soudan n’a été financé qu’à hauteur de 52 %, tandis que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ne bénéficie que de 20 % de financement. Ce manque de ressources compromet gravement les efforts d’assistance, alors que près de trois millions de personnes ont déjà bénéficié de l’aide depuis le début du conflit.
Amy Pope, directrice générale de l’OIM, qualifie le Soudan de « crise la plus négligée au monde aujourd’hui », soulignant que l’inaction collective risque de déstabiliser davantage la région. Il est crucial que la communauté internationale prenne des mesures immédiates pour empêcher la propagation de cette dévastation au-delà des frontières soudanaises.