Le Mozambique est en proie à une montée des tensions post-électorales, alors que le ministre de la Défense, Cristovao Chume, a évoqué le recours possible à l’armée pour mettre fin aux manifestations qui secouent le pays depuis les résultats controversés de la présidentielle du 9 octobre. Ces manifestations, initiées par l’opposition, visent à dénoncer une élection entachée, selon eux, de fraudes massives et de violations des droits humains. es autorités ont répondu par une répression brutale, causant la mort d’au moins 18 personnes selon les organisations de défense des droits humains, dont sept victimes enregistrées rien que durant le week-end dernier.*
Human Rights Watch a récemment mis en lumière l’intensité de cette répression, révélant une polarisation croissante entre le gouvernement et l’opposition. Les observateurs électoraux, dont ceux de l’Union européenne, avaient déjà relevé de nombreuses irrégularités avant et pendant le scrutin, ce qui a exacerbé la méfiance de la population envers les résultats officiels.
Venancio Mondlane, principal leader de l’opposition, conteste fermement ces résultats qu’il qualifie de frauduleux. Il a mobilisé ses partisans à travers les réseaux sociaux pour descendre dans les rues, défiant ouvertement un pouvoir qu’il accuse de saper les fondements démocratiques du pays. Malgré les menaces de l’État, une nouvelle manifestation est prévue dans la capitale Maputo.
Le ministre Chume a quant à lui dénoncé ces manifestations comme étant « violentes », accusant l’opposition de diviser la nation et de viser un changement de régime illégal. Il a justifié la possible intervention de l’armée par la nécessité de « protéger les intérêts de l’État » si la situation dégénérait davantage. Ce recours à la force militaire laisse craindre un affaiblissement supplémentaire de la confiance en des institutions déjà fragilisées.
Cette crise expose une fracture profonde au sein de la société mozambicaine, où le Frelimo, parti au pouvoir, est accusé de restreindre l’espace démocratique et de réprimer brutalement les voix dissidentes. À mesure que les violences se multiplient, les inquiétudes se renforcent quant à l’avenir de la démocratie au Mozambique et à la capacité de ses dirigeants à canaliser pacifiquement ces revendications.
Si l’armée venait effectivement à intervenir, le pays risquerait d’aggraver les tensions internes, de provoquer de vives critiques internationales et de ternir davantage son image sur la scène mondiale. La manière dont le gouvernement répondra aux prochaines manifestations pourrait donc s’avérer déterminante pour la stabilité future du Mozambique.