Une nouvelle vague d’arrestations a frappé les milieux de l’opposition prokurde en Turquie cette semaine, plongeant à nouveau le pays dans un climat de répression politique. Le 26 et 27 novembre 2024, des opérations de grande envergure ont eu lieu, principalement dans les villes du sud-est du pays, ciblant des membres présumés de l’opposition, en particulier des partisans du Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM), un groupe de gauche prokurde.
Le ministre turc de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé sur les réseaux sociaux que 231 individus, supposés membres d’organisations terroristes, ont été interpellés dans 30 provinces. Ces arrestations ont été effectuées dans le cadre d’une opération visant à démanteler des réseaux accusés de financer ou de faire la propagande du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par Ankara. Parmi les arrestés, neuf journalistes figurent sur la liste, renforçant la crainte d’une censure croissante envers les voix critiques du régime.
Ces arrestations surviennent dans un contexte paradoxal, où, depuis plusieurs mois, le président Recep Tayyip Erdogan affiche une volonté apparente de tendre la main à la population kurde. Cette dynamique, qui pourrait se concrétiser par la libération d’Abdullah Öcalan, chef emblématique du PKK emprisonné depuis 1999, contraste avec les répressions récurrentes visant l’opposition kurde. Cette ambivalence dans les actions politiques du gouvernement semble brouiller les signaux, créant une tension entre les promesses de dialogue et les réalités de la répression sur le terrain.
Cette opération survient également après une série de destitutions de maires kurdes élus lors des municipales de mars 2024, accentuant la pression sur les militants prokurdes et les institutions locales sous leur contrôle. Ces arrestations renforcent les inquiétudes parmi les partisans de l’opposition, qui redoutent une nouvelle escalade dans la répression des voix dissidentes. Les tensions risquent de se multiplier, dans un pays déjà marqué par une profonde polarisation politique et des accusations réciproques entre les autorités et leurs opposants.