Lima, 14 mars 2025 – L’ancien président péruvien Pedro Castillo a été hospitalisé d’urgence jeudi 13 mars, après trois jours de grève de la faim entamée pour protester contre son procès pour rébellion. Détenu depuis décembre 2022, Castillo a été transféré de sa prison vers un établissement médical en raison d’un état de santé préoccupant, marqué par des signes de déshydratation et un déséquilibre électrolytique.
D’après des sources officielles, Pedro Castillo, âgé de 55 ans, a été évacué en ambulance depuis le centre pénitentiaire où il est incarcéré vers l’hôpital du quartier Vitarte, situé dans le district d’Ate, à Lima. Ce transfert a été ordonné à titre préventif par les autorités médicales pénitentiaires après que l’ex-président a présenté des symptômes alarmants, une fatigue extrême, des vertiges et une baisse significative de la pression artérielle.
Le personnel médical de l’hôpital a rapidement pris en charge Castillo afin de stabiliser son état. Selon la juge Norma Carbajal, qui suit de près son dossier, l’ancien président est sous surveillance, mais sa situation ne présente pas de danger immédiat. Toutefois, des examens complémentaires sont en cours pour évaluer les effets de cette grève de la faim sur son organisme.
Pedro Castillo avait annoncé le début de sa grève de la faim le 10 mars, dénonçant ce qu’il qualifie d’« emprisonnement injuste » et des « accusations infondées ». Par cette action radicale, il entendait attirer l’attention sur ce qu’il considère être une persécution politique menée par ses opposants et par les institutions judiciaires péruviennes.
Cette décision n’est pas sans conséquence : conformément au règlement pénitentiaire, la direction de la prison a suspendu ses droits de visite, limitant ainsi tout contact avec sa famille et ses avocats. Par ailleurs, son ancien ministre de la Défense, Walter Ayala, a déclaré que Castillo avait saisi la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) afin d’exiger la restitution de ses droits fondamentaux.
L’ancien chef d’État est sous le coup d’un procès houloueux depuis sa destitution par le Congrès péruvien le 7 décembre 2022. Il est accusé d’avoir tenté un coup d’État en dissolvant le Parlement pour se maintenir au pouvoir, une décision qui avait provoqué sa chute et son arrestation dans la foulée.
La justice l’accuse également d’avoir dirigé une organisation criminelle et commis des crimes contre les pouvoirs publics. En conséquence, Castillo avait été placé en détention préventive pour 18 mois à compter du 14 décembre 2022, une détention prolongée de 14 mois supplémentaires en juin 2024. Il est désormais incarcéré depuis plus de deux ans, et son procès, qui s’annonce long et complexe, alimente les divisions au sein de la société péruvienne.
L’ex-président, qui a toujours clamé son innocence, se considère comme une victime d’un complot orchestré par les élites politiques et économiques du pays. Ses partisans, majoritairement issus des classes populaires et rurales, continuent de manifester leur soutien, dénonçant une justice à deux vitesses et une criminalisation de l’opposition politique.
L’affaire Pedro Castillo s’inscrit dans une politique climatique particulièrement tendue au Pérou. Depuis sa destitution, le pays traverse une crise institutionnelle majeure, marquée par des manifestations violentes, des grèves et une méfiance généralisée envers la classe politique.
Sa successeure, la présidente Dina Boluarte, fait face à une contestation croissante, notamment en raison de la répression des manifestations de 2023 qui avait provoqué la mort de dizaines de personnes. Son gouvernement est accusé d’autoritarisme et de négliger les revendications des populations les plus défavorisées, qui avaient porté Castillo au pouvoir en 2021.
L’hospitalisation de Pedro Castillo pourrait relancer les tensions et raviver la mobilisation de ses soutiens. Si son état de santé devait se détériorer, la pression politique sur le gouvernement et le système judiciaire pourrait s’intensifier, alimentant encore davantage l’instabilité du pays.
En attendant, l’ancien président reste sous surveillance médicale, tandis que la justice poursuit son cours, dans un climat de polarisation extrême où chaque décision pourrait avoir des conséquences majeures sur l’avenir du Pérou.