La visite officielle du président libanais Joseph Aoun en France, ce vendredi, a été éclipsée par une nouvelle escalade au Liban. Des frappes israéliennes ont visé Beyrouth, brisant un cessez-le-feu fragile et poussant Emmanuel Macron à durcir le ton face à Israël, tout en appelant Donald Trump à accentuer la pression pour faire respecter la trêve.
Accueilli à l’Élysée pour son premier déplacement en Occident depuis son élection en janvier, Joseph Aoun devait célébrer avec son homologue français l’ »amitié indéfectible » entre Paris et Beyrouth. « Le Liban est sur la bonne voie », a affirmé Macron, saluant l’élan donné par l’élection de Aoun et la formation d’un gouvernement réformiste sous Nawaf Salam, qui ont mis fin à plus de deux ans de paralysie politique.
La France, acteur clé dans cette sortie de crise, mise sur des réformes pour sortir le Liban du marasme économique et social. Macron a annoncé vouloir organiser une « conférence internationale sur le redressement du Liban », conditionnée aux avancées institutionnelles et économiques de Beyrouth.
Mais l’optimisme a été douché par les événements au Liban. Pour la première fois depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu le 27 novembre, négocié par Paris et Washington entre Israël et le Hezbollah, l’armée israélienne a bombardé la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement pro-iranien, après avoir frappé le sud du pays en réponse à des tirs de roquettes.
À l’Élysée, Joseph Aoun a dénoncé « toute tentative de replonger le Liban dans la violence », interpellant ses alliés : « Si la France et les États-Unis ne peuvent offrir de garanties, qui le fera ? » Il a assuré que « tout indique » que le Hezbollah n’est pas à l’origine des roquettes, promettant une enquête militaire.
Emmanuel Macron, lui, a déploré l’absence de preuves d’attaques du Hezbollah justifiant les frappes israéliennes. « Elles violent le cessez-le-feu de manière unilatérale, c’est inacceptable », a-t-il martelé, accusant Israël de « trahir une promesse » et de « faire le jeu » du Hezbollah.
Le président français a annoncé des échanges imminents avec Donald Trump et Benyamin Netanyahu. De Washington, il attend une « pression particulière », soulignant la dépendance militaire d’Israël vis-à-vis des États-Unis. « Trump a déjà montré qu’il pouvait obtenir des cessez-le-feu respectés, comme à Gaza », a-t-il rappelé, lucide sur les limites de l’influence française, cantonnée à une « pression politique ».
La visite a aussi pris une tournure régionale avec la participation en visioconférence du président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh. Paris, qui propose de jouer les « facilitateurs » pour désamorcer les tensions à la frontière syro-libanaise, a réuni les deux leaders avec les dirigeants de Grèce et Chypre pour discuter, entre autres, du retour des réfugiés syriens.
Ce vendredi, l’élan diplomatique entre Paris et Beyrouth s’est heurté à la réalité d’un Moyen-Orient toujours au bord du gouffre.