Séoul, 4 avril 2025 – La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a confirmé, ce vendredi, la destitution du président Yoon Suk-yeol, mettant un terme définitif à son mandat entaché de controverses. Cette décision fait suite à la motion votée par l’Assemblée nationale le 14 décembre dernier, après une série de mesures jugées autoritaires et contraires à la Constitution, notamment la déclaration unilatérale de la loi martiale.
Dans un arrêt d’une rare sévérité, rendu à l’unanimité des juges, la plus haute juridiction du pays a dénoncé des actes « inconstitutionnels et illégaux » de la part du chef de l’État, estimant qu’il avait violé les fondements mêmes de l’ordre démocratique.
« Le président Yoon ne s’est pas contenté de proclamer la loi martiale, il a également mobilisé les forces armées et la police pour empêcher le Parlement d’exercer ses fonctions », a déclaré Moon Hyung-bae, président de la Cour, dans un discours de 23 minutes retransmis en direct à la télévision nationale.
« Ces actes constituent une trahison grave de la confiance du peuple et une atteinte inacceptable à l’État de droit. »
Cette décision historique entraîne le départ immédiat de Yoon Suk-yeol, qui n’était jusqu’ici que suspendu de ses fonctions, et ouvre la voie à une élection présidentielle anticipée devant se tenir dans un délai de 60 jours. Le Premier ministre Han Duck-soo assure l’intérim à la tête de l’exécutif.
Dans un court communiqué publié quelques heures après le verdict, Yoon Suk-yeol a présenté ses excuses aux citoyens :
« Je suis vraiment désolé et j’ai le cœur brisé de ne pas avoir répondu à vos attentes. Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu malgré mes erreurs. »
Des mots qui peinent à convaincre, alors que les critiques fusent depuis des mois sur la gestion autoritaire de sa présidence, marquée par une fracture politique croissante et un climat de tension entre les institutions.
Le parti du président déchu a réagi avec gravité, prenant acte de la décision sans contester son bien-fondé.
« C’est une décision regrettable, mais que nous acceptons solennellement dans le respect des institutions », a affirmé Kwon Young-se, haut responsable du parti conservateur.
« Yoon Suk-yeol a détruit la Constitution, et utilisé les armes que le peuple lui avait confiées contre la démocratie elle-même », a fustigé Lee Jae-myung, chef du principal parti d’opposition, qualifiant cette destitution de « nécessaire pour restaurer la confiance institutionnelle ».
Au-delà de la scène politique, cette décision envoie un signal fort au niveau international : la démocratie sud-coréenne dispose de garde-fous solides, même face aux dérives autoritaires. Les institutions, en particulier la Cour constitutionnelle, ont montré leur capacité à réagir avec fermeté et indépendance.
Sur le plan économique, les marchés ont réagi avec soulagement : le won s’est renforcé face au dollar et la Bourse de Séoul a enregistré une légère progression de 0,35 %, témoignant d’un regain de confiance après plusieurs mois d’instabilité.
Parallèlement à sa destitution, Yoon Suk-yeol reste visé par une procédure pénale ouverte pour insurrection, un chef d’accusation extrêmement grave dans le droit sud-coréen, pouvant aller jusqu’à la peine de mort. Les auditions reprendront dans les semaines à venir.
L’issue de ce procès pourrait avoir des conséquences majeures non seulement pour l’ex-président, mais aussi pour l’image et la mémoire collective du pays. La Corée du Sud, habituée à des transitions démocratiques tendues, s’apprête une fois encore à tourner une page cruciale de son histoire.