Ce qui devait être une rare fenêtre de répit dans un conflit long de trois ans a rapidement tourné à la désillusion. Alors que le président russe Vladimir Poutine annonçait samedi un cessez-le-feu temporaire pour la fête de Pâques, le président ukrainien Volodymyr Zelensky accuse Moscou d’avoir violé cette trêve quelques heures à peine après son entrée en vigueur.
« Des frappes russes continuent de s’abattre sur plusieurs fronts », a déploré Zelensky, dénonçant « une mascarade cynique orchestrée par le Kremlin sous couvert de considérations humanitaires. »
Annoncée comme un geste de « bonne volonté » pour permettre la célébration commune de la fête de Pâques orthodoxe et catholique, la trêve devait s’étendre du samedi 18h (heure locale) au lundi minuit. Mais à peine les mots du président russe prononcés, des drones ont frappé la région de Kherson, allumant des incendies dans des habitations civiles et semant la panique dans plusieurs villages.
Des alertes antiaériennes ont également retenti à Kiev, pendant que l’armée de l’air ukrainienne mettait en garde contre une « menace imminente de missiles » dans la capitale et l’est du pays. Loin du silence espéré, le vacarme des sirènes a remplacé les cloches de Pâques.
Un cessez-le-feu sans confiance
« Nous ne croyons plus à leurs promesses », a martelé le président Zelensky, accusant la Russie de se servir des cessez-le-feu comme d’outils de propagande ou de diversion militaire.
« Les mots de Moscou n’engagent que ceux qui y croient », a-t-il insisté, rappelant les précédents cessez-le-feu « piégés » décrétés puis immédiatement violés par les forces russes en 2022 et 2023.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, a été encore plus direct : « Nous ne jugeons plus les intentions, seulement les actions. Et les actions de la Russie parlent d’elles-mêmes : bombarder pendant la trêve, c’est insulter l’idée même de paix ».
Des soldats désabusés, un peuple endurant
Sur le terrain, la méfiance est généralisée. Dmitri, soldat à Kramatorsk, résume l’état d’esprit des troupes ukrainiennes :
« On ne peut pas croire ces gens. Ce soi-disant cessez-le-feu ne changera rien. Les massacres continueront – du nôtre comme du leur. »
Trump menace, Moscou avance
Cette prétendue trêve intervient dans un contexte diplomatique tendu. Les négociations indirectes menées par l’administration Trump piétinent, poussant le président américain à menacer vendredi de se retirer des discussions, faute de progrès.
Pendant ce temps, la Russie affirme avoir repris 99,5 % de la région de Koursk, théâtre d’une offensive ukrainienne surprise en 2024. Ce regain territorial ramènerait l’intégralité de la ligne de front sur le sol ukrainien, une évolution lourde de conséquences militaires et symboliques.
Une guerre sans pause, une paix toujours hors de portée
Alors que le monde chrétien célèbre la résurrection, l’Ukraine célèbre sa résilience. La promesse d’un cessez-le-feu n’aura été qu’un leurre de plus dans une guerre où les mots pèsent peu face aux missiles. Et dans ce théâtre d’ombres, la paix véritable reste une chimère, chaque jour plus lointaine.