Le Secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, est à nouveau dans la tourmente. Déjà ciblé par une enquête interne pour avoir partagé des informations sensibles via une messagerie non officielle, il est désormais impliqué dans une seconde affaire de fuite, selon les révélations du New York Times ce dimanche. Ces nouveaux éléments jettent une lumière crue sur les pratiques de communication internes au sommet de la Défense américaine et soulèvent de sérieuses questions sur la rigueur sécuritaire au sein de l’administration Trump.
Le 15 mars dernier, le ministre aurait divulgué les horaires précis de frappes aériennes américaines visant des positions houthies au Yémen. Cette fois, ce ne sont pas des collaborateurs militaires ou diplomatiques qui étaient destinataires de l’information, mais un cercle composé de membres de sa famille, de son avocat et d’amis proches — tous réunis dans un groupe privé sur la messagerie cryptée Signal, créée par Hegseth lui-même avant son entrée en fonction.
Parmi les membres figuraient notamment son épouse, ancienne journaliste à Fox News, son frère et son avocat, tous sans compétence officielle directe sur les opérations évoquées. Le quotidien américain souligne que le ministre avait pourtant été averti quelques jours auparavant par des responsables du Pentagone de ne pas évoquer ces sujets sur Signal, en raison de sa vulnérabilité comparée aux canaux sécurisés du gouvernement.
Ce nouvel épisode s’ajoute au « Signalgate » du mois dernier, lorsque Hegseth avait, selon les mêmes sources, accidentellement inclus un journaliste de The Atlantic dans un autre groupe Signal. Le président Trump avait alors tenté de calmer la tempête médiatique, défendant son ministre et laissant son conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz assumer la responsabilité de la création du groupe. Mais l’incident avait déjà soulevé un malaise certain au sein de l’establishment militaire.
Parallèlement, trois hauts responsables du Pentagone — Darin Selnick, Dan Caldwell et Colin Carroll — ont été suspendus de leurs fonctions la semaine dernière dans le cadre d’une série de fuites non spécifiées. Les intéressés ont dénoncé des « attaques sans fondement » et une tentative de les « diffamer », assurant ne pas avoir été officiellement informés des motifs précis de leur mise à pied.
Interrogé par le New York Times, un haut responsable du ministère n’a pas confirmé si les informations partagées par Pete Hegseth comprenaient des détails sur les cibles visées, mais il a assuré qu’aucune brèche majeure dans la sécurité nationale n’avait été constatée. Une déclaration prudente qui contraste avec la gravité potentielle de ces révélations.
Alors que les tensions au Yémen continuent de mobiliser les forces américaines, les révélations sur la légèreté avec laquelle des données classifiées sont partagées laissent entrevoir les failles d’un système qui, jusqu’ici, se voulait irréprochable. Pour Pete Hegseth, la question n’est désormais plus de savoir s’il sera sanctionné, mais quand.