Cotonou, 24 avril 2025 – Le Bénin est en deuil après l’une des attaques les plus meurtrières jamais enregistrées sur son territoire. Le gouvernement béninois a annoncé mercredi un nouveau bilan dramatique : 54 militaires ont perdu la vie dans une attaque jihadiste survenue le 17 avril dans le nord du pays, dans le parc national W, à la frontière avec le Burkina Faso et le Niger.
Cette attaque, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, visait deux positions de l’opération antijihadiste « Mirador », situées précisément dans la zone dite du « triple point », car elle marque la jonction des frontières béninoise, nigérienne et burkinabè.
Le premier bilan communiqué au lendemain de l’attaque faisait état de huit morts. Mais au fil des jours, l’ampleur de la tragédie est apparue. Lors d’un point presse mercredi, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, a évoqué avec émotion la perte de 54 soldats : « Même si cela ne fait pas les 70 et plus que certains ont annoncés, c’est beaucoup… Ce sont nos enfants, nos frères, nos amis qui sont tombés. »
Selon les autorités, les assaillants ont frappé de manière coordonnée des positions sensibles dans cette zone frontalière déjà marquée par l’instabilité. Le parc W, autrefois site prisé des touristes, est désormais devenu une zone de non-droit où opèrent librement des groupes armés venus des pays voisins.
Au-delà de l’émotion, le gouvernement béninois n’a pas caché son agacement face au manque de coordination régionale. Sans nommer explicitement ses voisins, Wilfried Houngbédji a dénoncé une coopération sécuritaire « défaillante » avec Ouagadougou et Niamey : « Si, de l’autre côté de la frontière, il y avait un dispositif au moins équivalent au nôtre, ces attaques ne se seraient pas produites ou pas de cette façon. »
Le président béninois Patrice Talon avait déjà, en mars, pointé la détérioration des relations avec le Niger et le Burkina Faso, deux pays dirigés par des juntes militaires et fragilisés par l’expansion jihadiste.
Malgré ce revers sanglant, le gouvernement béninois affirme ne pas vouloir fléchir. « Nous ne céderons pas. Nous avons la conviction que tôt ou tard, nous viendrons à bout de ces criminels et de leur entreprise mortifère », a insisté Houngbédji.
Cette attaque soulève de nouveau des questions sur la résilience des États côtiers d’Afrique de l’Ouest, jusque-là relativement épargnés par les violences jihadistes qui ravagent le Sahel. Après le Togo et la Côte d’Ivoire, le Bénin devient à son tour une cible privilégiée des groupes armés cherchant à étendre leur emprise vers le golfe de Guinée.