L’ancien président brésilien Fernando Collor de Mello, figure marquante de la transition démocratique du pays dans les années 1990, a été arrêté vendredi 25 avril, à l’aube, dans la ville de Maceió (État d’Alagoas), à la suite d’un ordre émis par la Cour suprême du Brésil. À 75 ans, il devra purger une peine de huit ans et dix mois de prison, prononcée en 2023 pour corruption et blanchiment d’argent.
Son avocat, Marcelo Bessa, a confirmé l’arrestation, précisant que Collor se dirigeait vers Brasilia pour se livrer aux autorités, après le rejet définitif de ses recours par le juge Alexandre de Moraes.
Fernando Collor de Mello reste un personnage complexe et controversé de la scène politique brésilienne. Premier président élu au suffrage universel direct après la fin de la dictature militaire en 1985, il avait accédé au pouvoir en 1990 avec une image de modernisateur déterminé à assainir les finances publiques.
Mais son mandat fut écourté : en 1992, confronté à un vaste scandale de corruption, il fut destitué par le Congrès. Bien qu’acquitté par la suite par la Cour suprême en 1994, son image demeura entachée.
Après une traversée du désert, Collor avait effectué un retour politique en tant que sénateur de l’État d’Alagoas, poste qu’il occupa jusqu’en 2023, année de sa tentative infructueuse de conquête du gouvernement régional.
La condamnation de 2023 découle d’une enquête fédérale impliquant la filiale BR Distribuidora de la compagnie pétrolière publique Petrobras. Collor aurait perçu l’équivalent de 5,3 millions de dollars en pots-de-vin. Cette affaire s’inscrit dans le cadre de la vaste opération « Lava Jato » (Lavage express), qui a ébranlé la classe politique brésilienne au cours de la dernière décennie.
Malgré les protestations de son avocat, qui a évoqué une décision « inattendue et préoccupante », l’ancien président s’est conformé à l’ordre d’arrestation.
Collor de Mello n’est pas le seul ancien chef d’État à faire face à la justice. Depuis la fin du régime militaire, quatre des sept présidents brésiliens ont été impliqués dans des affaires judiciaires : destitution, condamnation ou emprisonnement. Parmi eux, Jair Bolsonaro, récemment mis en cause pour tentative présumée de coup d’État, incarne cette continuité des scandales à la tête de l’État.
L’arrestation de Collor confirme la volonté de la justice brésilienne de traiter les affaires de corruption sans distinction de rang, dans un pays où la défiance envers les élites politiques reste vive