Classé comme organisation extrémiste par le renseignement intérieur allemand, le parti Alternative für Deutschland (AfD) a décidé de porter l’affaire devant la justice administrative, dénonçant une atteinte à ses droits fondamentaux.
Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), en pleine ascension dans les sondages, a annoncé lundi 5 mai avoir déposé une plainte devant le tribunal administratif de Cologne pour contester sa désignation officielle en tant que parti « extrémiste de droite ». Cette décision, prise par l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), permet désormais aux services de renseignement de surveiller étroitement ses activités, y compris les communications internes de ses dirigeants.
Dans un communiqué, le BfV a justifié sa décision en affirmant que l’idéologie de l’AfD « porte atteinte à la dignité humaine de groupes entiers de la population » et « n’est pas compatible avec l’ordre démocratique libéral » de l’Allemagne. Cette classification ne signifie pas une interdiction du parti, mais elle ouvre la voie à des moyens renforcés de surveillance, tels que l’écoute téléphonique, l’infiltration ou la surveillance numérique.
Pour l’AfD, cette mesure constitue une attaque politique injustifiée. Le parti conteste « l’impartialité » de l’analyse du BfV et accuse le gouvernement de chercher à restreindre la liberté d’expression et le pluralisme politique.
La décision du renseignement allemand a provoqué de vives réactions, notamment aux États-Unis. Le vice-président américain JD Vance a comparé cette mesure à la « reconstruction d’un mur de Berlin », tandis que le sénateur Marco Rubio l’a qualifiée de « tyrannie déguisée ». Ces prises de position soulignent le clivage idéologique croissant entre certains responsables conservateurs américains et les autorités allemandes.
La ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, a rapidement réagi en rappelant que le BfV agit « de manière autonome » et que sa décision repose sur un « examen rigoureux, factuel et neutre ». Elle a réaffirmé l’importance de protéger la démocratie contre les dérives extrémistes, sans pour autant censurer l’opposition.
Si certains élus allemands évoquent une possible interdiction de l’AfD à terme, le nouveau ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt (CSU), s’est montré plus réservé. Lors d’une interview télévisée, il a estimé que les critères posés par la Cour constitutionnelle pour interdire un parti sont « extrêmement stricts » et que, dans le cas de l’AfD, ils ne sont probablement pas réunis.
« Je suis sceptique quant à une interdiction pure et simple. L’AfD doit être combattue politiquement, pas interdite administrativement », a déclaré Dobrindt.
Selon lui, il est essentiel de « comprendre les causes du succès » du parti plutôt que de chercher à le faire disparaître du paysage politique.