Le 9 mai 2025, la scène politique tchadienne a été secouée par la condamnation d’Idris Youssouf Boy, l’ex-directeur de cabinet du président Mahamat Idriss Déby, à cinq ans de prison et un million de francs CFA d’amende. Accusé de corruption passive et active, il est désormais un homme à terre, un ancien homme fort du pouvoir politique tchadien. Mais au-delà de la simple condamnation judiciaire, c’est une véritable guerre des clans qui se joue dans cette affaire, avec des implications bien plus profondes pour le régime en place.
Youssouf Boy, figure de proue du président Mahamat Idriss Déby, a longtemps incarné le pouvoir et l’influence. Sa position de bras droit du président lui a permis d’exercer une emprise considérable sur les affaires du pays. Toutefois, sa chute ne se résume pas à un simple cas de corruption. En effet, plusieurs sources proches du pouvoir évoquent une série de tensions internes qui ont progressivement affaibli sa position. Des divisions ont émergé au sein du régime, en particulier concernant la gestion de l’aide internationale et des projets d’infrastructures. Ces dissensions ont alimenté un mécontentement croissant parmi les élites, notamment en raison des fonds publics mal gérés.
Mais ce qui a précipité la chute d’Idris Youssouf Boy, c’est l’implication d’acteurs extérieurs. Les Émiriens, dont l’aide au Tchad était détournée, ont exigé des comptes. Face à la pression internationale et au risque de voir son pouvoir fragilisé, le président Mahamat Idriss Déby n’a eu d’autre choix que de sacrifier son ancien bras droit, pourtant un homme de confiance. Les montants en jeu, estimés à 11,9 milliards de francs CFA, ont été déterminants dans cette décision.
Il est à noter que cette affaire ne constitue pas la première alerte pour Youssouf Boy. En 2022, il avait déjà été limogé pour des faits similaires de détournement, avant d’être réintégré dans les rangs du pouvoir. Toutefois, cette fois-ci, le président tchadien, sous la pression intérieure et extérieure, a décidé de tourner la page, sacrifiant ainsi son ancien allié pour maintenir une certaine stabilité au sein du régime.
Le procès, tenu à huis clos et expéditif, a vu Youssouf Boy et son coaccusé, l’ancien maire Hachim Bouder, condamnés à cinq ans de prison. Leurs dénégations face aux accusations n’ont pas suffi à inverser le cours des événements. Au contraire, ces accusations ont permis de faire tomber un homme dont l’influence était jugée excessive, en particulier dans certains cercles du pouvoir où sa popularité était en déclin.
Cette chute soulève une question cruciale pour l’avenir du régime tchadien : qui sera le prochain à être sacrifié dans cette guerre invisible au sommet de l’État ? Le départ d’Idris Youssouf Boy laisse un vide important et ouvre la voie à de nouvelles luttes de pouvoir, avec des clans rivaux prêts à prendre la place de celui qui était un des piliers du système. Si cette affaire semble marquer la fin d’un homme, elle ouvre aussi un chapitre incertain pour l’avenir du Tchad.