Kyiv, 24 mai 2025 – Quelques heures avant un échange important de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine, la capitale ukrainienne a été violemment bombardée dans la nuit de vendredi à samedi. Une attaque combinée, menée à l’aide de missiles balistiques et de drones explosifs, a plongé la ville dans l’effroi, alors même qu’un geste de relâchement semblait émerger sur le front diplomatique.
Selon l’état-major ukrainien, la Russie a tiré 14 missiles balistiques — parmi lesquels des Iskander-M et des KN-23 — accompagnés de 250 drones Shahed, d’origine iranienne. Malgré l’interception de six missiles et de 245 drones par la défense aérienne ukrainienne, plusieurs secteurs résidentiels ont été touchés. Quinze blessés ont été recensés, des habitations endommagées, et des incendies ont ravagé des bâtiments dans les arrondissements nord et ouest de la capitale.
Le ministère russe de la Défense a affirmé viser des « infrastructures militaires » et des systèmes de défense aérienne occidentaux, notamment les batteries américaines Patriot récemment déployées. Pour les habitants de Kyiv, la justification importe peu : la peur et la fatigue se sont durablement installées, et cette attaque est venue briser plusieurs jours de calme relatif.
En parallèle, Kyiv et Moscou ont procédé à un échange de 307 prisonniers de guerre dans la matinée du 24 mai. C’est le deuxième échange en moins de 48 heures, après celui du 23 mai impliquant environ 270 militaires et 120 civils de chaque côté. Selon les chiffres officiels ukrainiens, près de 700 personnes ont retrouvé leur pays en deux jours.
La présidence ukrainienne, tout en saluant ce développement, a souligné qu’il ne s’agit pas d’un signal de désescalade, mais plutôt d’un arrangement ponctuel facilité par des intermédiaires internationaux, dont la Turquie et le Qatar. Le président Zelensky a appelé à des « échanges réguliers et systématiques », tout en accusant la Russie de prolonger inutilement les souffrances humaines en refusant une trêve durable.
Dans le Donbass, les combats se poursuivent avec une intensité croissante. L’armée russe a annoncé avoir pris les localités de Stoupotchki et Odrané (près de Donetsk), tandis que plus au nord, le village frontalier de Loknia, dans la région de Soumy, serait désormais sous contrôle russe. Moscou affirme vouloir sécuriser une « zone tampon » le long de sa frontière pour contrer les infiltrations ukrainiennes, alors que Kyiv dénonce une annexion rampante de territoires.
Les États-Unis, qui ont récemment autorisé des frappes ukrainiennes « limitées » sur le territoire russe à des fins défensives, appellent toutefois à la prudence. Le Département d’État a évoqué un besoin « d’équilibre entre assistance militaire et pression diplomatique », alors que les tensions montent également en mer Noire et à la frontière biélorusse.
En l’absence d’une médiation forte ou d’un cadre de négociation structuré, ces gestes ponctuels, bien que significatifs sur le plan humain, ne modifient pas le cours de la guerre. L’équilibre fragile entre diplomatie de crise et affrontements armés se poursuit, sans horizon clair.