Le Niger a une nouvelle fois été frappé par la violence jihadiste. Dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque meurtrière a visé une position militaire à Eknewan, dans l’ouest du pays, proche des frontières du Mali et du Burkina Faso. Selon une source locale anonyme, plusieurs soldats nigériens ont trouvé la mort dans cet assaut perpétré par des groupes armés terroristes. Cette offensive a été revendiquée par l’organisation État islamique (EI) dans un communiqué publié lundi. Le groupe a même affirmé avoir tué une quarantaine de militaires, un chiffre que l’AFP n’a pas pu confirmer de source indépendante.
Cette attaque s’inscrit dans un contexte sécuritaire extrêmement fragile dans la région des trois frontières, qui fait face à une recrudescence des violences jihadistes depuis plusieurs années. Le régime militaire en place à Niamey depuis près de deux ans communique avec retenue sur ces événements, mais la gravité de la situation est palpable. En réaction à cette attaque, le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire, a procédé au remplacement du gouverneur de la région de Tahoua, département où se trouve Eknewan. Le colonel Oumarou Tawayé a été remplacé par le colonel Souleymane Amadou Moussa, sans explication officielle.
Cette région stratégique est également le théâtre d’une coopération militaire régionale renforcée. Depuis le 15 mai, la deuxième édition des exercices militaires « Tarhanakal » (signifiant « Amour de la patrie » en langue touareg) se déroule au Centre d’entraînement des forces spéciales de Tillia. Ces manœuvres réunissent les armées des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — Niger, Mali, Burkina Faso — ainsi que celles du Tchad et du Togo. Ce centre, opérationnel depuis juillet 2021, bénéficie d’un soutien logistique et financier important, notamment de l’Allemagne, tandis que les États-Unis ont fourni en septembre 2022 des équipements militaires d’une valeur de 13 millions de dollars, principalement des véhicules blindés.
Le régime militaire nigérien, arrivé au pouvoir à la suite d’un putsch en juillet 2023, a adopté une posture souverainiste marquée, notamment en matière de coopération militaire. Il a en effet décidé de chasser du pays les forces françaises et américaines engagées dans la lutte contre le terrorisme, avec notamment la rétrocession en mars 2024 de la base américaine de drones dans le nord du Niger.
Malgré ces mesures, le pays continue de faire face à des attaques répétées des groupes jihadistes qui exploitent la porosité des frontières et la faiblesse des forces locales. L’attaque d’Eknewan rappelle une fois de plus la fragilité de la sécurité dans cette région sahélienne et la nécessité d’une coopération régionale et internationale renforcée pour endiguer la menace terroriste qui pèse lourdement sur le Niger et ses voisins.