Les propos tenus par la chancelière allemande Friedrich Mertz à l’occasion du sommet du G7 au Canada suscitent une vive controverse sur la scène politique allemande. En saluant l’attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, et en la qualifiant de « sale boulot » (Drecksarbeit) que « l’Occident n’a pas eu le courage de faire », Mertz a ouvert une brèche dans le consensus diplomatique allemand.
Dans une interview accordée à la chaîne ZDF, le chancelier n’a pas mâché ses mots : « Israël a eu le courage de faire ce que d’autres n’ont pas osé faire. Ce régime iranien a semé la mort et la destruction à travers le monde, notamment via le Hezbollah et le Hamas. » Mertz a exprimé son respect total envers les dirigeants israéliens, tout en reconnaissant implicitement l’échec des efforts diplomatiques entrepris depuis plus d’une décennie.
Mais la formule « sale boulot » n’est pas passée. Les critiques ont fusé de tous bords :Le Parti social-démocrate (SPD) parle de propos « mal calibrés » dans une situation géopolitique explosive.
Les Verts, par la voix de Deborah Dühring, dénoncent des déclarations « dangereuses et révoltantes » dans un contexte où la diplomatie devrait primer.
Die Linke estime que le chancelier « sape l’image de l’Allemagne » et « viole le droit international ».
Même l’extrême droite, via l’AfD, s’est opposée frontalement, craignant que cette position « n’attise une nouvelle vague de réfugiés » et « menace la sécurité intérieure ».
Plusieurs juristes et responsables politiques rappellent que selon le droit international, une attaque préventive n’est justifiée que si une agression est imminente — ce qui ne semble pas être le cas ici. D’aucuns craignent que cette déclaration n’engage indirectement l’Allemagne dans une logique d’escalade militaire au Moyen-Orient.
Les observateurs estiment que cette sortie marque un virage diplomatique important pour l’Allemagne, qui avait jusque-là cherché à maintenir des canaux de discussion ouverts avec Téhéran, même après le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018. Aujourd’hui, Mertz semble tirer un trait sur ces années de dialogue infructueux, au profit d’un alignement stratégique plus clair avec Israël et les États-Unis.
Malgré le tollé, certains anciens responsables allemands, comme Sigmar Gabriel, ancien ministre des Affaires étrangères, appellent à replacer les propos dans leur contexte. Sur X (ex-Twitter), il écrit : « Nous devrions parler de la véritable menace du nucléaire iranien, pas du choix des mots. » Un message repris par Ron Prosor, ambassadeur israélien en Allemagne, qui salue le « discours lucide et courageux » de la chancelière.
La tempête déclenchée par Mertz révèle également une fracture idéologique plus ancienne au sein du paysage politique allemand. Certains médias comme Focus, proches de la droite, rappellent le soutien historique d’une partie de la gauche européenne à la Révolution islamique de 1979 — évoquant même Michel Foucault comme symbole de ce courant anti-occidental et anticapitaliste qui, selon eux, persiste aujourd’hui.