Les marchés pétroliers avancent à l’aveugle, réagissant à chaque déclaration de Donald Trump sur une éventuelle intervention militaire contre l’Iran. Interrogé mercredi soir, l’ancien président américain a entretenu l’ambiguïté : « Je vais peut-être le faire, peut-être pas », a-t-il lancé, en référence à une possible frappe sur les installations nucléaires iraniennes. Il a également affirmé que Téhéran avait pris contact avec Washington, tout en précisant que sa patience était « à bout ».
À Londres, le baril de Brent pour livraison en août gagne 0,27 %, atteignant 76,91 dollars. À New York, le WTI pour juillet progresse de 0,47 %, à 75,49 dollars. Les investisseurs scrutent chaque mot de Trump, dont les sorties imprévisibles suffisent à faire tanguer un marché déjà sous tension en raison du conflit Iran-Israël, entré dans son sixième jour.
L’incertitude stratégique se cristallise autour d’un point névralgique : le détroit d’Ormuz. Plus de 20 % du pétrole brut mondial transite par cette étroite voie maritime. Une escalade militaire — notamment une riposte iranienne — pourrait entraîner un blocus de ce passage vital. Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management, prévient qu’un tel scénario provoquerait une onde de choc immédiate sur les prix. L’historien Niall Ferguson évoque, quant à lui, un possible retour du baril à 100 dollars, en écho aux récentes frappes israéliennes sur des sites nucléaires iraniens.
Au-delà des tensions géopolitiques, des facteurs techniques contribuent également à la nervosité des marchés. Les stocks de brut aux États-Unis ont chuté bien plus que prévu : 11,5 millions de barils ont été retirés en une semaine, contre 2,5 millions anticipés. Ce recul inattendu des réserves soutient les prix, tout en exacerbant la volatilité. L’indice OVX — qui mesure la volatilité sur les options pétrolières — a bondi de plus de 100 % en cinq jours, atteignant un sommet inédit depuis trois ans.
Cette fébrilité financière se propage. Des grandes places boursières, de Wall Street à Tokyo, enregistrent des pertes, traduisant l’inquiétude des investisseurs. En Europe, les effets se font déjà sentir pour les consommateurs : le prix du diesel a grimpé de 15 %, alourdissant les coûts de transport et affectant directement le pouvoir d’achat. Parallèlement, le secteur des biocarburants bénéficie d’un regain d’intérêt, stimulé par la flambée des prix des huiles végétales.
Ainsi, le marché pétrolier reste suspendu entre menaces de guerre et espoirs de diplomatie. L’ambiguïté savamment entretenue par Donald Trump, combinée aux risques sur le détroit d’Ormuz, à la chute des stocks et à l’explosion de la volatilité, plonge l’économie mondiale dans une situation instable. Tant que Washington ne clarifie pas ses intentions, le baril restera prisonnier de cette incertitude stratégique — et les répercussions continueront de se faire sentir bien au-delà des marchés pétroliers.
La volatilité reste donc de mise, nourrie non seulement par les tensions géopolitiques, mais aussi par les signaux contradictoires envoyés par l’OPEP+, dont les membres peinent à adopter une ligne commune face à la baisse de la demande asiatique.