Kinshasa, 24 juillet 2025 – Un procès à forte portée politique et symbolique s’est ouvert ce jeudi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. L’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, comparaît devant la Cour de cassation. Il est accusé d’avoir détourné près de 20 millions de dollars des caisses de l’État durant son passage au gouvernement. Une affaire qui soulève de vives réactions dans un pays confronté de longue date à la corruption endémique de ses élites.
Constant Mutamba, figure montante de la scène politique congolaise ces dernières années, a rejeté en bloc les accusations portées contre lui, affirmant être victime d’un « procès politique » destiné à briser sa carrière et à museler son engagement contre les pratiques opaques au sein de l’appareil d’État.
L’ouverture de cette procédure judiciaire intervient dans un contexte de promesses renouvelées de la part du gouvernement congolais de lutter contre la corruption, fléau majeur qui ronge les finances publiques et sape la confiance des citoyens dans les institutions. L’Inspection générale des finances (IGF), appuyée par la présidence, a mené plusieurs audits dans les ministères, mettant à nu des détournements massifs dans divers portefeuilles, dont celui de la Justice.
L’affaire Mutamba pourrait ainsi devenir le symbole d’une nouvelle ère de responsabilisation, ou à l’inverse, être interprétée comme une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. L’opinion publique congolaise reste divisée, entre ceux qui saluent l’action des institutions judiciaires, et ceux qui dénoncent un ciblage sélectif.
Constant Mutamba, avocat de formation, fut un acteur clé dans plusieurs réformes judiciaires sensibles. Son positionnement critique vis-à-vis de certaines orientations du pouvoir en place en a fait une voix dissonante, notamment sur les questions de gouvernance et de libertés publiques. Certains analystes n’excluent pas que ce procès soit aussi une manière de l’écarter durablement du jeu politique en vue des prochaines échéances électorales.
Le jugement de la Cour de cassation, s’il venait à confirmer les accusations, pourrait entraîner une lourde peine de prison et une inéligibilité à vie pour l’ex-ministre. À l’inverse, une relaxe ferait figure de désaveu pour les institutions accusatrices.
Dans un continent où de plus en plus de dirigeants et de hauts responsables sont confrontés à la justice (comme en Afrique du Sud, au Sénégal ou au Mozambique), l’affaire Mutamba s’inscrit dans une dynamique régionale plus large : celle d’une justice plus visible, parfois instrumentalisée, mais toujours au centre du débat public.