La situation sécuritaire en Haïti continue de se dégrader dangereusement, notamment dans la région de Kenscoff, au sud-est de Port-au-Prince. Dans la nuit du dimanche 3 août 2025, neuf personnes ont été kidnappées dans un orphelinat, illustrant une fois de plus l’extrême vulnérabilité des populations face à la montée en puissance des gangs criminels dans ce pays des Caraïbes.
L’attaque s’est déroulée aux alentours de 3h30 du matin au sein de l’orphelinat Sainte-Hélène, géré par l’organisation humanitaire « Nos petits frères et sœurs », présente dans plusieurs pays d’Amérique centrale et du Sud. Parmi les otages, se trouvent la responsable irlandaise de l’établissement, Gena Heraty, sept employés haïtiens ainsi qu’un enfant de trois ans en situation de handicap.
Selon les premières informations rapportées par Masillon Jean, maire de Kenscoff, les assaillants n’ont pas fait usage d’armes à feu mais ont percé un mur pour pénétrer discrètement dans la propriété. Ils se sont directement dirigés vers le bâtiment où résidait la responsable de l’orphelinat avant d’emmener les neuf personnes, dans ce que le maire qualifie d’« action planifiée ». Jusqu’à présent, aucune revendication ni demande de rançon n’ont été formulées, bien que Gena Heraty ait réussi à établir un court contact téléphonique avec des collaborateurs pour confirmer son enlèvement.
L’orphelinat Sainte-Hélène accueille environ 270 enfants, dont une cinquantaine vivent avec un handicap. Gena Heraty, missionnaire en Haïti depuis 1993, est notamment responsable des programmes destinés aux enfants et jeunes adultes en situation de handicap, une mission d’autant plus cruciale dans le pays le plus pauvre des Amériques.
Cette attaque s’inscrit dans un contexte sécuritaire alarmant à Kenscoff, une commune ciblée depuis janvier dernier par la coalition criminelle « Viv ansanm ». Ce groupe a déjà pris le contrôle de plusieurs quartiers, obligeant de nombreuses familles à fuir. Les forces de l’ordre peinent à rétablir l’ordre et la sécurité dans la région, laissant les habitants à la merci de ces bandes armées.
Les enlèvements de missionnaires étrangers, qui se sont multipliés ces dernières années, accentuent la crise humanitaire et sociale qui touche Haïti. Ce nouvel épisode souligne la nécessité urgente d’une action concertée, tant nationale qu’internationale, pour restaurer la sécurité et protéger les populations civiles, en particulier les enfants et les personnes vulnérables.