Luis Fernando Camacho, gouverneur de Santa Cruz et figure de l’opposition bolivienne, a retrouvé la liberté vendredi, au terme de près de trois ans passés derrière les barreaux.. Placé en résidence surveillée dans l’attente de son procès, il est rentré triomphalement dans son fief de Santa Cruz, accueilli par des milliers de partisans brandissant les drapeaux verts et blancs de la région.
Âgé de 46 ans, cet avocat et homme d’affaires conservateur avait été arrêté en décembre 2022 et détenu dans une prison de haute sécurité près de La Paz. Les autorités l’accusent de « sédition » et de « terrorisme » pour son rôle dans les manifestations massives de 2019, qui avaient conduit à la démission d’Evo Morales, premier président autochtone de Bolivie, après une élection présidentielle entachée d’accusations de fraude.
La libération de Camacho intervient après qu’un tribunal a jugé que sa détention provisoire avait largement dépassé la durée maximale autorisée par la loi. Il reste néanmoins assigné à résidence, sous contrôle judiciaire strict, mais pourra poursuivre ses fonctions de gouverneur, selon ses avocats.
Ce jugement s’inscrit dans une réévaluation plus large de plusieurs dossiers emblématiques visant des figures de l’opposition. La Cour suprême avait récemment ordonné aux juges d’examiner la légalité de la détention de trois leaders politiques de droite : Camacho, Marco Antonio Pumari et l’ex-présidente par intérim Jeanine Áñez.
À Santa Cruz, capitale économique du pays et fief traditionnel de l’opposition au Mouvement vers le socialisme (MAS) de Morales, l’accueil réservé à Camacho a pris des allures de triomphe. Acclamé par une foule dense, il a traversé une avenue centrale avant de rejoindre le siège du gouvernement départemental, retrouvant officiellement ses fonctions après trois ans d’absence.
« C’est un honneur d’avoir été emprisonné pour défendre la démocratie et les libertés de mon peuple », a déclaré Camacho devant ses partisans.
Son arrestation en 2022 avait déclenché une vague de manifestations à travers le pays, ses partisans dénonçant un procès politique et une stratégie d’intimidation du pouvoir.
Si Camacho est aujourd’hui libre, son avenir judiciaire reste incertain. Outre l’enquête sur le « coup d’État » présumé de 2019, il est visé par trois autres procédures, notamment pour incitation à la grève, irrégularités dans les marchés publics et nominations jugées illégales au sein de son administration.
Cette décision de justice pourrait redynamiser l’opposition et renforcer son discours sur « l’instrumentalisation » du système judiciaire par le pouvoir. Camacho, devenu un symbole de résistance pour une partie de la population, entend bien capitaliser sur cette image dans la bataille électorale.