Katmandou, 13 septembre 2025 – Le Népal traverse une tempête politique sans précédent. Vendredi, le président Ram Chandra Poudel a nommé Sushila Karki, 73 ans, ancienne cheffe de la Cour suprême, au poste de Première ministre par intérim, après une semaine historique marquée par de vastes manifestations de jeunes qui ont forcé la démission de son prédécesseur et la dissolution du Parlement. Avec cette désignation, elle entre dans l’histoire en devenant la première femme à prendre les rênes du gouvernement de la nation himalayenne.
Sushila Karki, ancienne juge en chef du Népal, a prêté serment vendredi soir, après plusieurs jours de négociations tendues. Mme Karki dirigera un gouvernement intérimaire jusqu’à la tenue de nouvelles élections en mars prochain. Membre respecté et connu pour sa position ferme contre la corruption, Mme Karki avait été nommée par un groupe qui a déclaré représenter les manifestants autoproclamés de la génération Z qui ont renversé le gouvernement en début de semaine.
Dès son entrée en fonction, la nouvelle Première ministre a voulu envoyer un signal d’apaisement. Samedi, elle s’est rendue à l’hôpital civil de Katmandou pour rencontrer les blessés des manifestations et leurs familles. « Je donnerai tout ce que j’ai pour le pays », a-t-elle affirmé, plaçant son mandat sous le signe de l’intégrité et de la réconciliation.
Après la nomination de Karki vendredi, la présidence a publié un communiqué confirmant avoir « fixé la date des élections au jeudi 5 mars 2026 ». De nombreux membres de la génération Z font pression sur Karki pour qu’elle ouvre immédiatement une enquête sur les allégations de corruption visant l’ancien Premier ministre Oli et ses ministres, et qu’elle ouvre une enquête sur les décès survenus lors des manifestations.
Dheeraj Joshi, 25 ans, un dirigeant de la génération Z participant aux discussions avec l’armée et le président, a déclaré qu’il pensait que la nomination de Karki permettrait au pays de « passer d’une phase de destruction à une phase de construction ». « Cela ne signifie pas que tout ira bien immédiatement après son entrée en fonction », a-t-il déclaré. Dans un premier temps, un processus sera mis en place pour identifier les principaux facteurs d’affaiblissement du pays, puis des priorités seront établies en conséquence.
Au fil du temps, la corruption profondément enracinée sera éradiquée. Une fois ce processus lancé, le terrain s’ouvrira pour un avenir meilleur. Le Premier ministre indien Narendra Modi a d’ailleurs salué sa nomination, affirmant que l’Inde « reste engagée » envers un Népal stable et prospère. L’ONU a également exprimé sa solidarité, soulignant l’importance de placer les droits des enfants et des femmes au cœur de la reconstruction.