Le 22 septembre 2025, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait « avec effet immédiat » de la Cour pénale internationale (CPI), dénonçant un « instrument de répression néocoloniale » au service de l’impérialisme. Les trois nations sahéliennes, dirigées par des juntes militaires, entendent ainsi affirmer une politique souverainiste et se donner les moyens de créer une Cour pénale sahélienne autonome.
Dans un communiqué commun, les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES) dénoncent l’« incapacité » de la CPI à juger les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides, tout en affirmant vouloir « consolider la paix et la justice » via des mécanismes endogènes. Une déclaration qui résonne comme un camouflet aux standards internationaux, alors même que leurs armées sont régulièrement accusées de violences contre des civils et de crimes inexpiables.
Si le retrait prendra officiellement effet dans un an, cette décision est déjà un signal politique fort : les pays sahéliens se rapprochent de puissances comme la Russie, dont le président Vladimir Poutine fait lui-même l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre. L’alignement stratégique de ces États ne fait que souligner le jeu ambigu entre souveraineté proclamée et alliances opportunistes, au détriment de la protection des populations locales.
La CPI, fondée en 2002 pour juger les crimes les plus graves lorsque les États échouent à le faire, est régulièrement accusée de biais, notamment envers l’Afrique. Mais au-delà de cette critique légitime, le retrait des pays de l’AES soulève une question cruciale : la souveraineté invoquée peut-elle justifier le rejet d’institutions censées protéger les droits humains dans une région où les civils sont pris en étau entre jihadistes et forces armées ?
Avec ce geste, le Burkina Faso, le Mali et le Niger marquent un tournant historique dans le paysage juridique international, mais ouvrent également la porte à une zone d’impunité potentielle, fragilisant encore davantage le Sahel, théâtre de violences incessantes et d’intrigues géopolitiques. La création d’une Cour sahélienne autonome pourra-t-elle vraiment être un instrument de justice, ou ne sera-t-elle qu’un miroir de la volonté des régimes en place ? La réponse reste suspendue, mais le monde observe avec inquiétude.