Rome, 7 octobre 2025 – Dans une révélation choc diffusée lors d’une émission télévisée nocturne, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a annoncé mardi qu’une plainte pour « complicité de génocide » avait été déposée contre elle à la Cour pénale internationale (CPI). Cette accusation, inédite dans son ampleur, vise également deux de ses ministres clés et le dirigeant d’un géant de l’industrie de la défense italienne. Au cœur de ces poursuites, le soutien présumé de Rome à Israël dans le conflit à Gaza, perçu par les plaignants comme une participation active à des crimes de guerre.
La plainte, datée du 1er octobre 2025, émane d’un collectif baptisé « Juristes et avocats pour la Palestine ». Soutenue par une cinquantaine de signataires – dont des professeurs de droit international, des avocats spécialisés et quelques personnalités publiques italiennes et internationales –, elle accuse le gouvernement Meloni d’avoir franchi une ligne rouge en soutenant militairement Israël. « Avec son soutien au gouvernement israélien, en particulier à travers la fourniture d’armement meurtrier, le gouvernement italien s’est rendu complice du génocide en cours et des gravissimes crimes de guerre et contre l’humanité commis aux dépens de la population palestinienne », écrivent les auteurs dans leur document soumis à la CPI.
Outre Giorgia Meloni, les cibles incluent :Guido Crosetto, ministre de la Défense, accusé d’avoir supervisé des exportations d’armes vers Israël ;Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères, pointé du doigt pour sa diplomatie pro-israélienne ;Roberto Cingolani, directeur général de Leonardo, le fleuron italien de l’aéronautique et de la défense, dont les produits (notamment des composants pour drones et systèmes de guidage) auraient été fournis à l’État hébreu.
Les plaignants demandent instamment à la CPI d’ouvrir une enquête formelle, arguant que ces livraisons d’armements constituent une violation flagrante de la Convention sur le génocide de 1948 et du Statut de Rome, qui fonde la compétence de la CPI. Selon des sources proches du dossier, la plainte s’appuie sur des documents publics relatifs aux exportations italiennes d’armes, qui ont augmenté de 40 % vers Israël depuis octobre 2023, malgré les appels internationaux à un embargo.
Interrogée dans l’émission Porta a Porta sur Rai 1, diffusée dans la nuit de mardi à mercredi, Giorgia Meloni n’a pas mâché ses mots. « Je pense qu’il n’existe pas un autre cas au monde ou dans l’histoire d’une plainte de ce genre », a-t-elle lancé, qualifiant les accusations dinédites » et d’infondées ». La cheffe du gouvernement, au pouvoir depuis 2022 avec son parti Fratelli d’Italia d’extrême droite, a rappelé que l’Italie n’avait pas autorisé de nouvelles exportations d’armes vers Israël depuis le 7 octobre 2023, date du massacre du Hamas qui a déclenché la guerre à Gaza. « Nous avons exprimé des réserves sur la réponse israélienne, que nous jugeons disproportionnée », a-t-elle ajouté, tout en refusant catégoriquement de reconnaître un État palestinien – une position alignée sur celle de l’Allemagne, mais en décalage avec une partie de l’opinion publique italienne.
Cette annonce intervient alors que des manifestations pro-palestiniennes se multiplient dans les rues de Rome, Milan et Naples. Des milliers de personnes ont défilé ce week-end pour exiger un cessez-le-feu immédiat et la fin des livraisons d’armes européennes à Israël. Selon les organisateurs, ces rassemblements reflètent une fracture croissante au sein de la société italienne
Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, visé par la plainte, a lui aussi réagi avec vigueur. Dans une déclaration à Reuters plus tôt cette semaine, il a admis que « les actions israéliennes à Gaza dépassent le cadre de la légitime défense et enfreignent le droit humanitaire international », tout en insistant sur la nécessité de distinguer « le Hamas terroriste de la population palestinienne innocente ». Cette position, plus nuancée que celle de Meloni, souligne les tensions internes au sein de la coalition au pouvoir, où les alliés centristes de Forza Italia (parti de Tajani) plaident pour une diplomatie plus équilibrée.
Sur le plan international, cette affaire ravive les débats sur la responsabilité des États européens dans le conflit. L’Italie, troisième exportateur d’armes de l’UE après la France et l’Allemagne, fait partie d’un club restreint de pays ayant maintenu des relations commerciales étroites avec Israël malgré les condamnations de l’ONU. La CPI, basée à La Haye, a déjà ouvert des enquêtes sur des crimes présumés commis par Israël et le Hamas depuis 2021, mais cette plainte contre des dirigeants européens marque un tournant : pour la première fois, un État membre de l’UE est directement accusé de complicité.
Au-delà du volet judiciaire – la CPI dispose de six mois pour décider d’une enquête préliminaire –, cette plainte expose les contradictions de la politique étrangère italienne. Meloni, qui s’est imposée comme une figure pro-occidentale et atlantiste, risque de voir son image ternie à l’approche des élections européennes de 2029. Les opposants, de gauche comme de droite modérée, y voient une opportunité de critiquer un « soutien aveugle » à Tel-Aviv, alors que le bilan humanitaire à Gaza s’alourdit : plus de 41 000 morts palestiniens selon le ministère de la Santé de Gaza, et une famine imminente touchant des centaines de milliers de civils.
En Europe, cette affaire pourrait catalyser des appels à un embargo unifié sur les armes vers Israël, comme le réclament la Belgique et l’Espagne. Pour l’instant, Rome campe sur ses positions : « L’Italie défendra sa souveraineté et ses choix diplomatiques », a conclu Meloni dans son intervention télévisée.
Cette plainte, si elle aboutit, pourrait redessiner les contours de la responsabilité internationale. Reste à voir si la CPI, souvent critiquée pour sa lenteur, saisira l’occasion pour élargir son mandat au-delà des acteurs directs du conflit.