Antananarivo, 13 octobre 2025 – Le président malgache Andry Rajoelina a quitté Madagascar dimanche, laissant derrière lui un pays en pleine effervescence. Trois semaines de manifestations massives orchestrées par le mouvement de la « Génération Z » ont précipité sa fuite, après qu’une faction clé de l’armée, le CAPSAT, a refusé de réprimer les manifestants et a pris le contrôle de facto des forces armées.
Les premières protestations ont éclaté le 25 septembre en raison de pénuries chroniques d’eau et d’électricité. Rapidement, elles ont pris une tournure politique plus large, dénonçant la corruption, la mauvaise gouvernance et le manque de services de base. La jeunesse malgache, majoritairement composée de moins de 20 ans, s’est mobilisée massivement, transformant une révolte sociale en véritable mouvement de contestation nationale.
Selon Siteny Randrianasoloniaiko, chef de l’opposition, Rajoelina a quitté le pays à bord d’un avion militaire français, dans le cadre d’un accord avec le président Emmanuel Macron. La présidence n’a pas précisé où le président se trouvait actuellement, mais avait annoncé qu’il s’adresserait à la nation lundi soir.
Le CAPSAT, unité d’élite ayant joué un rôle central lors du coup d’État de 2009 qui avait porté Rajoelina au pouvoir, a déclaré qu’elle refusait désormais d’exécuter les ordres de tirer sur les manifestants. Les soldats se sont joints à la foule pour escorter des milliers de personnes sur la place principale d’Antananarivo et ont pris le contrôle de l’armée, nommant un nouveau commandant.
Dans la capitale, les manifestants ont scandé : « Le président doit démissionner maintenant ». Adrianarivony Fanomegantsoa, 22 ans, employé d’hôtel, explique : « En 16 ans, le président et son administration se sont enrichis tandis que la population restait dans la pauvreté. Ce sont les jeunes qui souffrent le plus ».
Les violences ont fait au moins 22 morts depuis le début des manifestations, selon l’ONU, certains tués par les forces de sécurité et d’autres lors de violences déclenchées par des bandes criminelles et des pillages. Madagascar, où trois quarts de la population vit dans la pauvreté, dépend économiquement de la vanille, mais aussi du nickel, du cobalt, des textiles et des crevettes.
En l’absence du président, le chef du Sénat assume les fonctions présidentielles par intérim jusqu’à la tenue d’élections. Le pays entre désormais dans une période de transition incertaine, tandis que la « Génération Z » continue de mobiliser les foules pour réclamer justice sociale et réformes profondes dans la gouvernance.