LONDRES, 15 octobre 2025 – Keir Starmer marche sur une corde raide. Pris entre impératifs diplomatiques et exigences de sécurité nationale, son gouvernement est secoué par une affaire d’espionnage présumé impliquant la Chine. Christopher Cash et Christopher Berry, deux Britanniques accusés d’avoir transmis des informations à Pékin, ont vu leurs poursuites abandonnées faute de preuves. Une décision qui suscite colère et suspicion : le Royaume-Uni privilégierait-il les relations économiques avec la Chine au détriment de sa propre sécurité ?
Mercredi, Starmer a promis de rendre publics les documents ayant conduit à ce fiasco judiciaire, affirmant que son gouvernement n’a fait que suivre la ligne du précédent cabinet conservateur, qui n’avait jamais formellement désigné la Chine comme une menace. Une justification qui sonne creux à Westminster, où beaucoup s’interrogent : comment la sécurité nationale peut-elle passer au second plan face aux intérêts commerciaux ?
Depuis leur arrivée au pouvoir, les travaillistes multiplient les gestes d’ouverture envers Pékin – visites officielles, promesses de partenariats économiques renforcés –, tandis que le MI5 tire la sonnette d’alarme. Espions chinois, russes ou iraniens utiliseraient chantage, phishing ou flatteries pour manipuler des parlementaires. La menace est claire, mais la réponse politique semble hésitante, voire complaisante.
Les conservateurs n’ont pas tardé à dénoncer ce qu’ils considèrent comme une « passivité dangereuse », accusant Starmer de sacrifier la fermeté sur l’autel de la diplomatie économique. Même Yvette Cooper, ministre des Affaires étrangères, a reconnu la réalité de la menace chinoise, tout en déplorant l’échec judiciaire.
Le tableau est troublant : d’un côté, un gouvernement qui clame sa vigilance, publie des documents et multiplie les déclarations rassurantes ; de l’autre, des décisions concrètes – abandon de poursuites, prudence excessive face à Pékin – qui donnent l’impression que la sécurité nationale est reléguée au second plan. Le Royaume-Uni oscille ainsi entre naïveté diplomatique et pragmatisme économique, au risque de fragiliser ses institutions.
Starmer tente de sauver les apparences, mais l’ombre d’un « laissez-faire » face à l’espionnage chinois plane sur Downing Street. À trop vouloir ménager Pékin, le Royaume-Uni pourrait payer un prix élevé : sécurité nationale compromise, crédibilité internationale entamée, et conséquences durables pour ses institutions et sa souveraineté. Dans ce jeu d’équilibriste, le moindre faux pas pourrait s’avérer lourd de conséquences.