Dar es Salaam, 7 novembre 2025 – Un tribunal tanzanien a inculpé au moins 240 personnes de trahison à la suite des manifestations meurtrières qui ont suivi les élections de la semaine dernière. Le scrutin, marqué par une victoire écrasante de la présidente Samia Suluhu Hassan avec 98 % des voix, a été dénoncé par l’opposition comme une mascarade, celle-ci n’ayant pas eu le droit de participer.
Des affrontements violents ont éclaté entre forces de sécurité et manifestants, faisant, selon diverses sources, des centaines de morts. Les autorités, elles, minimisent l’ampleur des violences et assurent que le processus électoral s’est déroulé de manière libre et équitable.
les personnes inculpées sont soupçonnées d’avoir incité à des manifestations dans le but d’entraver le bon déroulement des élections. Elles n’ont pas été invitées à plaider et pourraient, si elles étaient reconnues coupables, encourir la peine de mort – bien que la Tanzanie ait depuis longtemps cessé d’exécuter les condamnations, la plupart étant commuées en réclusion à perpétuité. La dernière exécution remonte aux années 1990.
Parmi les inculpés figure Jenifer Jovin, une femme d’affaires tanzanienne de renom, accusée d’avoir encouragé les manifestants à se procurer des masques à gaz pour se protéger des gaz lacrymogènes utilisés par la police. Plusieurs influenceurs des réseaux sociaux figurent également sur la liste. L’audience a été reportée au 19 novembre.
Lors de son discours d’investiture, la présidente Samia a condamné les violences et accusé les étrangers d’avoir attisé les troubles, alimentant ainsi la crainte parmi la communauté kenyane vivant en Tanzanie. Le ministre kényan des Affaires étrangères, Musalia Mudavadi, a demandé à son homologue tanzanien de garantir la sécurité des Kényans dans le pays. Il a rappelé que, selon les estimations, environ 250 000 Kényans vivent et travaillent en Tanzanie.
Les observateurs électoraux dénoncent un scrutin qui n’a pas respecté les standards démocratiques, tandis que le gouvernement affirme le contraire. La présidente Samia, première femme à accéder à la tête de l’État, avait initialement été saluée pour un assouplissement de la répression politique, mais l’espace démocratique s’est depuis considérablement restreint.
La cérémonie d’investiture, tenue à Dodoma sur une place d’armes et non dans un stade comme les années précédentes, a été fermée au public mais retransmise à la télévision d’État. Le pays et ses voisins, notamment le Kenya, restent sous tension, alors que des familles inquiètes cherchent à protéger leurs proches face à une situation qui alimente la peur et l’incertitude.


























