Le Premier ministre et le chef du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli, Fayez al-Sarraj, a retiré sa démission le soir du 30 octobre et restera en fonction jusqu’au dialogue politique en cours entre les parties libyennes aura pris fin.
L’annonce de cette décision a été faite par le porte-parole du GNA, Galib al-Zaklai, non loin des appels du Haut Conseil d’État libyen, lié au gouvernement de Tripoli, et de l’Allemagne. Dans le communiqué publié, il était précisé qu’al-Sarraj avait reçu de nombreuses demandes de maintien de son poste afin d’éviter un vide de pouvoir de la part des dirigeants des pays amis, des responsables de l’ONU et des groupes de la société civile.
Le même jour , le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, avait exhorté al-Sarraj à rester en fonction pour assurer « la continuité institutionnelle et exécutive » au cours des prochaines semaines « cruciales » au cours desquelles des négociations auront lieu pour esquisser une solution politique au conflit libyen. En parallèle, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et le Parlement de Tripoli ont également demandé à Al-Sarraj de reporter sa décision.
Même le Haut Conseil d’État libyen avait demandé, à al-Sarraj de reporter sa démission jusqu’à ce que de nouveaux organes politiques soient créés pour la Libye, évitant ainsi un vide politique qui pourrait déstabiliser davantage le pays. Le Haut Conseil d’État avait formulé cette demande sur la base des principes du soi-disant « accord politique », en référence aux accords de Skhirat du 17 décembre 2015, qui sanctionnaient la mise en place du GNA, par opposition au gouvernement Tobrouk, affilié à l’Armée nationale libyenne (ANL) et au général Khalifa Haftar.
Le 16 septembre, al-Sarraj a déclaré qu’il voulait donner son mandat à une « nouvelle autorité » d’ici la fin octobre et cette décision a été prise suite à l’annonce d’un cessez-le-feu le 21 août par al-Sarraj lui-même, au nom du gouvernement de Tripoli, et le président de la Chambre des représentants du gouvernement de Tobrouk, Aguila Saleh, avec une référence particulière à la ville côtière de Syrte et à la base d’al-Jufra, dans le centre de la Libye. Suite à cette annonce, la mobilisation des acteurs internes et externes en Libye a commencé à atteindre cet objectif et, le 23 octobre, les délégations libyennes rivales, à savoir l’ANL et le GNA, réunies à Genève dans le cadre du Comité militaire mixte 5 + 5 depuis le 19 octobre dernier, ont officiellement signé un accord de cessez-le-feu permanent dans toute la Libye qui prévoit, entre autres, la sortie des frontières nationales de tous les combattants et mercenaires étrangers en Libye. Le comité 5 + 5 se réunira à nouveau pour établir d’autres détails tels que le retrait des fronts de combat, le départ des mercenaires et l’unification des forces armées.
En ce moment, en plus des négociations entre les parties pour une résolution politique du conflit en Libye, des dialogues sont également en cours pour donner au pays un nouvel ordre politique et la prochaine rencontre en face à face entre les parties est prévue le 9 novembre en Tunisie.
La Libye est le théâtre d’une longue guerre civile qui a débuté le 15 février 2011, qui a été suivie, en octobre de la même année, par la chute du régime dictatorial de Mouammar Kadhafi. Depuis cet événement, le pays n’a jamais réussi à réaliser une transition démocratique et, pour le moment, voit s’affronter les milices du GNA et celles de la LNA. Le GNA d’al-Sarraj est le gouvernement officiellement reconnu par l’ONU en Libye, est né le 17 décembre 2015 avec les accords de Skhirat, signé au Maroc puis expiré le 17 décembre 2017 et a été formellement soutenu par l’Italie, le Qatar et la Turquie. Les forces de l’ANL, proche du gouvernement Tobrouk dirigé par Aguila Saleh, sont, en revanche, soutenues au niveau international par l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, la France et la Russie.