Au Koweït, samedi 5 décembre, un vote est organisé pour renouveler l’Assemblée nationale, l’organe parlementaire monocaméral du pays du Golfe. Une fois les résultats obtenus, le gouvernement actuel démissionnera, ouvrant la voie à l’approbation d’un nouvel exécutif par le Parlement lui-même.
À cet égard, le Premier Ministre koweïtien, Cheikh Sabah al-Khaled al-Hamad al-Sabah, a annoncé qu’après l’annonce des résultats, il démissionnerait. Il y a 395 candidats inscrits pour se présenter aux élections du 5 décembre, dont 33 sont des femmes, le nombre le plus élevé enregistré depuis 2005. Au total, les sièges à pourvoir sont de 50, élus par cinq circonscriptions de 10 sièges chacune, avec une seule voix non transférable. Bien que les partis politiques formels soient interdits dans l’émirat, les blocs parlementaires sont autorisés. L’Assemblée voit également la présence de 15 ministres du gouvernement, qui sont membres de droit. Les dernières élections organisées dans le pays remontent au 26 novembre 2016. Lors de cette élection, une seule femme a été nommée dans l’organe législatif, Safa al-Hashem,
Les élections actuelles interviennent à un moment délicat pour le pays qui se trouve, d’une part, confronté à la pandémie de Covid-19 et à ses conséquences économiques, et, d’autre part, à des désaccords entre le Parlement et le gouvernement. Au cours des derniers mois, ces derniers ont menacé à plusieurs reprises de mettre fin à leur collaboration, essentielle pour la stabilité du pays. Pour exacerber ce climat, il y a eu des allégations de corruption et de scandales impliquant des membres de la famille dirigeante. Ceux-ci ont non seulement suscité des inquiétudes, mais ont également nui à la réputation du pays sur la scène internationale et alimenté les demandes de réformes radicales. Enfin, le Koweït s’est retrouvé, le 30 septembre, à accueillir un nouvel émir, Nawaf al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, qui avait accédé au trône après la mort de Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah.
Le coronavirus a déjà amené des changements pendant la campagne électorale, puisque, pour la première fois, les banquets traditionnels organisés par les candidats pour démontrer leur générosité à l’électorat, auxquels des centaines de personnes ont parfois assisté, ont été interdits. Dans le même temps, la campagne électorale a vu une large utilisation des réseaux sociaux, de Twitter à Snapchat, en passant par Instagram, où divers candidats ont pu faire de la propagande également en direct et en vidéo.
Des sources politiques koweïtiennes affirment que les élections du 5 décembre revêtent une importance particulière pour le pays, en particulier pour certaines forces religieuses extrémistes, qui vont tester l’émir Nawaf et essayer de comprendre ses orientations et la marge de manœuvre qu’elles auront en en avance sur leurs agendas à l’avenir, mais surtout dans quelle mesure le guide nouvellement élu est en mesure de limiter leur influence et leur expansion. Dans le même temps, les membres de la nouvelle assemblée, comme l’émir, devront essayer d’apporter la stabilité au pays, malgré les conditions économiques et sociales difficiles. Pour cette raison, selon certains analystes, dans le futur ordre politique, il n’y aura plus de place pour les différends entre le gouvernement et le Parlement, qui, en revanche, sont appelés à créer un partenariat solide. Parmi les forces politiques qui, selon certains, visera à gagner du pouvoir dans le paysage politique koweïtien il y a les Frères musulmans, qui au Koweït prend le nom de Mouvement constitutionnel islamique, ou Hadas. Le mouvement espère voir 3 à 5 de ses candidats élus, puis former une «alliance conservatrice» capable d’apporter les changements souhaités.
Au Koweït, le gouvernement a souvent fait l’objet de remaniements au cours des dernières décennies, en particulier lorsque les législateurs au parlement interrogent ou déposent une motion de défiance à l’encontre de hauts fonctionnaires. Puis, en 2011, le Koweït a connu des bouleversements politiques et sociaux à la suite des soi-disant printemps arabes. En particulier, des dizaines d’activistes de l’opposition, y compris des législateurs, ont fait une descente au Parlement pour exiger le rétablissement du Premier ministre Nassir, malgré les allégations de corruption. En signe de réponse, le gouvernement a démissionné. Cet épisode a ensuite été défini par l’émir de l’époque comme «mercredi noir», car il a également conduit à la dissolution du Parlement et à des élections anticipées.