Le 20 décembre 2024, un changement majeur dans la politique américaine vis-à-vis de la Syrie a eu lieu : les États-Unis ont abandonné leur offre de récompense pour l’arrestation d’Ahmad al-Chareh, le leader du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et désormais figure centrale du pouvoir en Syrie. Cette décision intervient après une série de négociations directes entre les autorités américaines et le nouveau gouvernement syrien, formé après le renversement du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier.
Ahmad al-Chareh, anciennement connu sous le nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani, est l’un des principaux responsables du groupe HTS, ancienne branche d’Al-Qaïda. Ce groupe, classé comme organisation terroriste par de nombreux pays dont les États-Unis, a joué un rôle déterminant dans la coalition ayant renversé Bachar al-Assad après plus de 50 ans de pouvoir du clan Assad. Malgré cette réputation, le groupe tente de tourner la page du jihadisme et de rassurer la communauté internationale quant à ses intentions.
En 2017, les États-Unis avaient promis une récompense de 10 millions de dollars pour toute information permettant de localiser ou d’arrêter al-Chareh. Toutefois, après des discussions diplomatiques menées par Barbara Leaf, responsable du Moyen-Orient au Département d’État, avec le nouveau gouvernement syrien, cette offre a été abandonnée. La rencontre a marqué un moment de réévaluation des priorités américaines face à un régime qui cherche à stabiliser la Syrie après la guerre civile.
Lors de sa rencontre avec Ahmad al-Chareh à Damas, Barbara Leaf a insisté sur la nécessité pour la Syrie de prendre des mesures concrètes afin d’empêcher que des groupes terroristes ne prospèrent sur son territoire, aussi bien à l’intérieur de ses frontières qu’à l’extérieur. Al-Chareh a exprimé son engagement à sécuriser le pays, en soulignant son approche pragmatique et son désir de renforcer la sécurité régionale.
En outre, les deux parties ont abordé l’importance d’un processus politique inclusif et dirigé par les Syriens eux-mêmes, et ont exprimé leur volonté de rétablir de bonnes relations de voisinage avec les pays de la région.
La Syrie, profondément affectée par près de 14 ans de guerre civile, se trouve à un carrefour décisif. Après la chute de Bachar al-Assad, le pays doit maintenant naviguer entre la reconstruction interne et le rétablissement de sa position sur la scène internationale. Les nouvelles autorités syriennes se montrent déterminées à restaurer la stabilité et à établir des partenariats stratégiques, mais elles sont confrontées à de multiples défis, notamment en matière de droits humains, de traitement des minorités, et de gestion de la diversité ethnique et religieuse du pays.
Dans le contexte de cette transition, les femmes syriennes sont vues comme des acteurs essentiels de la reconstruction. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a souligné leur rôle indispensable, tout en appelant à la réévaluation des sanctions internationales afin de faciliter la reconstruction du pays.
Parallèlement, les tensions avec les Kurdes, notamment autour de la ville de Kobané, demeurent préoccupantes. Les Kurdes syriens, qui ont acquis une autonomie partielle depuis 2011, craignent de perdre leurs gains face aux nouvelles autorités. Les États-Unis continuent de soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées kurdes, dans leur lutte contre les résurgences de l’État islamique, en particulier dans la province de Deir Ezzor.
La chute de Bachar al-Assad a été célébrée par des scènes de liesse à Damas, avec des milliers de Syriens saluant la fin d’un régime brutal. Cependant, la situation reste fragile. Le pays, ravagé par la guerre, a besoin d’une aide humanitaire immédiate. L’ONU a averti que la Syrie requiert une assistance massive pour faire face aux conséquences de près de 14 années de conflit. Bien que les Syriens aspirent à la paix, la reconstruction du pays pourrait prendre encore de nombreuses années.