Un vent de changement souffle sur la Syrie post-Assad. La nouvelle administration syrienne poursuit sa campagne de reprise en main sécuritaire avec l’arrestation, ce samedi, d’un ancien haut responsable des services de renseignement de l’armée de l’air à Alep, tandis que des opérations de désarmement et de démantèlement de réseaux armés se multiplient dans le sud du pays.
Selon un communiqué diffusé par le gouvernorat de Deir ez-Zor via son canal Telegram officiel, le général de brigade Saleh Mohammed al-Busais, ancien numéro deux de la branche du renseignement de l’armée de l’air dans le gouvernorat d’Alep, a été arrêté. Originaire du village d’Ayash, dans l’est du pays, al-Busais est accusé d’avoir mené « de nombreuses campagnes de répression contre les civils » sous le régime déchu de Bachar al-Assad.
Les autorités n’ont pas précisé les circonstances de son arrestation, mais selon des sources proches de l’administration, l’opération aurait été préparée depuis plusieurs semaines dans le cadre d’un effort coordonné entre la Direction générale de la sécurité intérieure et les forces militaires locales.
En parallèle, une campagne de sécurité a été lancée dans les localités de Muthbin et Deir al-Bakht, dans la région de Deraa, visant à confisquer les armes détenues illégalement et à interpeller des individus recherchés. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de stabilisation des zones rurales, souvent laissées à la merci de groupes armés autonomes depuis la chute du régime.
Plus au nord, dans la région de Sayyida Zeinab, au sud de Damas, les forces de sécurité syriennes ont ciblé des cellules du Hezbollah libanais, longtemps protégé par l’ancien pouvoir. Selon l’agence de presse officielle syrienne, plusieurs caches d’armes ont été découvertes, confirmant la présence de milices étrangères actives dans les faubourgs de la capitale.
Depuis le renversement du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, la nouvelle direction militaire a multiplié les actions pour restaurer l’autorité de l’État, notamment en offrant des centres de reddition aux anciens membres du régime. Mais le refus de certaines figures influentes, issues des cercles sécuritaires et paramilitaires de l’ancien pouvoir, a conduit à de violents affrontements dans plusieurs régions, notamment à Homs, Lattaquié et Soueïda.
Dernier événement en date : l’arrestation mercredi dernier de Salem Daghestani, ex-directeur des enquêtes à la prison tristement célèbre de Sednaya, accusé de crimes de guerre et de torture systématique. Daghestani, l’un des architectes de la répression sous Assad, avait été localisé dans la périphérie de Hama, où il se dissimulait depuis plusieurs mois.
La nouvelle administration syrienne, dirigée par le président Ahmad al-Shara’a, entend rompre avec l’héritage du régime baasiste. Soutenue diplomatiquement par le Qatar, la Turquie et l’Algérie, elle espère également ouvrir une nouvelle page dans ses relations extérieures. Une délégation américaine aurait récemment remis à Damas une liste de huit mesures de confiance pour enclencher un processus de normalisation avec l’Occident, selon le Washington Post.
Mais l’équilibre reste précaire. La présence résiduelle de milices pro-iraniennes, les tensions internes entre factions de l’opposition victorieuse et les défis socio-économiques – notamment le retour des déplacés et la reconstruction des infrastructures – rendent la transition complexe.
L’avenir de la Syrie dépendra de sa capacité à conjurer les fantômes du passé tout en posant les bases d’un État véritablement souverain, débarrassé des logiques de milices, d’impunité et d’influence étrangère.