Les autorités libanaises ont confirmé qu’une explosion, survenue le 9 août 2025 entre les villages de Majdal Zun et Zabqin, a tué six soldats de l’armée et blessé plusieurs autres. Les militaires étaient en train de neutraliser des munitions sur un site lié au Hezbollah lorsqu’une charge piégée a détoné.
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a déclaré samedi dans un message sur les réseaux sociaux que « le Liban pleure » les soldats tués « alors qu’ils accomplissaient leur devoir national ».
Diodato Abagnara, chef de la mission de la FINUL, a également exprimé ses condoléances aux troupes et à leurs familles. « Plusieurs soldats libanais dévoués ont été tués et d’autres blessés, faisant simplement leur travail pour rétablir la stabilité et éviter un retour à un conflit ouvert », a-t-il écrit sur X, ajoutant : « Nous adressons nos vœux les plus sincères de prompt et complet rétablissement aux blessés. Les Casques bleus continueront de soutenir les Forces armées libanaises et leur action pour rétablir la stabilité, dans la mesure de leurs moyens. »
Selon une source sécuritaire citée par le Beirut Times, le dispositif explosif aurait été installé par le Hezbollah, sans en informer le commandement de l’armée. Ce silence, jugé inacceptable par certains responsables, aurait empêché d’éviter le drame. L’objectif supposé de ce « piège » : empêcher l’accès de soldats israéliens aux installations du groupe.
Cependant, le Hezbollah n’a pas encore publié de communiqué officiel sur cette affaire. Le mouvement se trouve déjà sous pression politique et militaire, et toute reconnaissance d’une telle responsabilité pourrait accroître les tensions internes et internationales.
D’autres versions circulent toutefois : des responsables militaires estiment que les munitions pourraient provenir des affrontements passés entre le Hezbollah et Israël et être restées sur place sans avoir été désamorcées. Dans les zones frontalières, de nombreux villages sont encore truffés de restes explosifs de guerre, posant un danger constant pour les habitants et les forces armées.
Cet incident intervient alors que le gouvernement libanais a approuvé un plan américain pour désarmer le Hezbollah d’ici la fin de l’année. Ce plan prévoit également l’arrêt des opérations militaires israéliennes au Liban et le retrait des forces israéliennes de plusieurs positions stratégiques au sud du Litani.
Le projet divise profondément la scène libanaise et au-delà. Pour ses défenseurs, le désarmement du Hezbollah est une étape essentielle afin de rétablir la pleine souveraineté de l’État et de mettre fin à l’influence militaire de groupes non étatiques, accusés d’exposer le Liban à des conflits qui le dépassent. À l’inverse, les soutiens du mouvement chiite soulignent que le Hezbollah reste, selon eux, la principale force de dissuasion face à Israël, et qu’un affaiblissement de ses capacités militaires ouvrirait la voie à de nouvelles agressions. Sur le plan international, plusieurs acteurs, au premier rang desquels l’Iran, voient dans cette initiative un projet dicté par Washington et Tel-Aviv pour affaiblir l’« axe de la résistance » et remodeler les rapports de force au Moyen-Orient.
L’explosion pourrait servir d’argument aux partisans d’un contrôle plus strict des armes au Liban, mais aussi de prétexte pour renforcer les lignes de fracture politique. Si l’enquête conclut à une responsabilité directe du Hezbollah, la pression intérieure et extérieure sur le mouvement pourrait s’intensifier, au risque de provoquer de nouvelles violences.