Le général Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemedti, chef des Rapid Support Forces (RSF), a été investi en tant que président du gouvernement intérimaire du Soudan, lors d’une cérémonie organisée à Nyala, au Sud-Darfour. Cette investiture marque la création d’un Conseil présidentiel parallèle, composé de quinze membres, dont les gouverneurs régionaux, avec Abdel Aziz al-Hilu comme vice-président. Le gouvernement a également désigné un Premier ministre et un conseil exécutif dirigé par Hemedti.
Cette initiative, présentée par ses partisans comme un « gouvernement de paix », est fortement contestée sur le plan international. Les Nations Unies et l’Union africaine considèrent qu’elle menace l’unité et la stabilité du pays. Pour le gouvernement officiel soudanais, dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhan, il s’agit d’une tentative de légitimer les RSF après plusieurs revers militaires, notamment à Khartoum et dans l’État d’Al-Jazira.
Peu après cette investiture, les RSF ont mené des attaques dans le nord de l’État du Kordofan, faisant cinq morts, dont deux jeunes filles, et six blessés, selon l’armée soudanaise. Le village d’Awlad Al-Sharif, dans la région d’Indraba, a été visé par des frappes de drones. L’armée a qualifié cette opération de crime de guerre, soulignant la persistance des violences contre les civils.
Malgré ces revers, les RSF continuent de contrôler une grande partie du Darfour et mènent des combats pour s’emparer de Al Fasher, capitale historique de la région. Des milliers de civils y sont piégés depuis plus de 500 jours, contraints de survivre avec des ressources alimentaires limitées et exposés à la violence des combattants.
Selon l’UNICEF, plus de 1 000 enfants ont été tués depuis le début du conflit, et le Yale Humanitarian Lab rapporte que des barrages ont été érigés pour empêcher les habitants de fuir. Ceux qui parviennent à s’échapper dénoncent des attaques brutales et actes de banditisme de la part des RSF.
Le Soudan reste plongé depuis 28 mois dans un conflit interne opposant l’armée régulière aux RSF. L’investiture de Hemedti illustre la fragmentation du pouvoir : l’armée contrôle les régions centrales et orientales, tandis que les RSF dominent le Darfour et certaines parties du Kordofan.
Politiquement, Hemedti cherche à renforcer son autorité après plusieurs défaites militaires, mais cette stratégie risque d’aggraver la division nationale et de compliquer les efforts de médiation. La situation humanitaire reste dramatique et les risques de nouvelles violences sont élevés.