Darfour, 2 septembre 2025 – Le Darfour pleure ses morts. Le village de Tarasin, niché sur les flancs escarpés du volcan Jebel Marra, a été balayé par un glissement de terrain d’une violence inouïe survenu le 31 août, provoqué par des pluies diluviennes.
Selon le Mouvement de libération du Soudan (MLS), plus de 1 000 habitants ont trouvé la mort, transformant le village en un tombeau collectif. Dans ce pays déjà ravagé par la guerre civile, ce désastre jette une ombre noire sur une crise humanitaire déjà abyssale.
Tarasin n’est plus qu’un amas de débris et de cadavres. Selon le MLS, seul un survivant a été retrouvé, livré à l’horreur indescriptible de la perte de sa communauté entière. « Le village a été anéanti », confie le groupe armé, appelant d’urgence les Nations unies et les ONG internationales à secourir les corps et tenter de sauver les survivants.
L’isolement du site, accessible uniquement à pied ou à dos d’âne, complique toute intervention. « Ce terrain montagneux est un piège mortel », explique Caroline Bouvard, directrice pour le Soudan de Solidarités Internationales.
Le Jebel Marra, déjà frappé par de précédentes catastrophes, se révèle impitoyable. « Ces villages perchés vivent constamment sur le fil du désastre », souligne Ahmed Tugod, du Mouvement justice et égalité. La guerre civile, opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR) depuis avril 2023, intensifie la détresse.
Avec des millions de déplacés et des famines sévissant dans la région, l’accès humanitaire reste limité. Le général Hemedti, chef des FSR, a annoncé l’envoi d’un convoi de secours et la mise en place d’un comité pour coordonner l’aide, mais l’ampleur des destructions et l’isolement du terrain compliquent toute opération.
Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, a exprimé sa « profonde compassion » et appelé à la cessation des hostilités pour permettre l’acheminement de l’aide. Mais dans un Soudan où la violence et la mort semblent omniprésentes, cet appel résonne comme un cri dans le vide.
Alors que la guerre civile a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et déplacé 14 millions d’autres, ce glissement de terrain rappelle la vulnérabilité extrême des populations face aux catastrophes naturelles et aux conflits. Tarasin, autrefois refuge et foyer, est désormais le symbole d’un pays à bout de souffle. La communauté internationale est appelée à répondre à cet appel désespéré, avant que d’autres villages ne tombent dans l’oubli et la terreur.