Benghazi/Tripoli, 2 septembre 2025 – Dans un contexte d’instabilité persistante, l’Armée nationale libyenne (ANL), sous le commandement du maréchal Khalifa Haftar, a annoncé le déploiement de nouvelles unités militaires à Sabha et dans plusieurs zones stratégiques du sud du pays. Selon le « Commandement général » de l’ANL, cette opération vise à sécuriser les frontières, contrôler les axes de circulation et affirmer le contrôle de l’État sur une région clé pour le commerce transsaharien et la circulation des flux migratoires.
Parmi les unités déployées figure le 152e bataillon d’infanterie mécanisée de la brigade Tariq bin Ziyad, réputée comme l’une des forces d’élite de Haftar. Les positions exactes de ces troupes n’ont pas été précisées. Parallèlement, le Comité d’organisation des gardes-frontières a inspecté plusieurs postes avancés, notamment dans la zone de Traghen, à la jonction des frontières libyennes, algériennes et nigériennes. Selon le commandement, cette tournée a pour objectif de vérifier l’état de préparation des troupes, l’inventaire en hommes et équipements, et de renforcer la discipline militaire.
Le renforcement militaire intervient dans un contexte où le sud libyen reste marqué par la prolifération des milices locales, les tensions communautaires et la circulation de trafics transsahariens, allant des armes au carburant et à la drogue. Cette zone stratégique constitue un enjeu majeur pour le camp de Haftar, soucieux d’affirmer sa présence et de sécuriser les routes commerciales et migratoires.
Face à cette montée en puissance militaire, la Ligue arabe a exprimé une vive inquiétude. Ahmed Aboul Gheit, Secrétaire général de l’organisation, a appelé à un arrêt immédiat de l’escalade et à privilégier le dialogue comme unique moyen de résoudre les différends. « La poursuite des tensions militaires pourrait compromettre l’unité et la sécurité de la Libye », a-t-il averti. La Ligue arabe a également réaffirmé son soutien au processus politique libyen et encouragé la mise en œuvre de la feuille de route proposée par la représentante spéciale de l’ONU, Hanna Teteh, visant à unifier les institutions et organiser des élections.
La Mission des Nations Unies en Libye a également appelé à la retenue et à la protection des civils et des infrastructures. Des rapports récents signalent un accroissement des mouvements militaires à Tripoli, avec des véhicules armés dans les rues et des coups de feu entendus, renforçant la crainte d’une escalade incontrôlée.
Ces développements mettent en lumière la fragilité persistante de la Libye, où le renforcement des positions dans le sud se conjugue aux tensions dans l’ouest. La stabilité du pays demeure étroitement liée à la capacité des acteurs libyens et de la communauté internationale à favoriser le dialogue et la coopération plutôt que la confrontation militaire.