Le Liban a reçu de Libye le dossier complet d’enquête sur la disparition de l’imam Moussa al-Sadr, fondateur du mouvement Amal, disparu depuis 1978 avec deux de ses compagnons. . Cette remise intervient plus de 47 ans après les faits, ravivant les espoirs d’une résolution dans une affaire qui a empoisonné les relations entre Beyrouth et Tripoli pendant des décennies. L’événement a été annoncé lors d’une rencontre officielle entre le président libanais Joseph Aoun et une délégation du Gouvernement d’union nationale libyen, marquant un pas potentiel vers la coopération judiciaire entre les deux pays.
La délégation libyenne, conduite par Ibrahim Dbeibah, ministre d’État à la Communication et aux Affaires politiques, et incluant Walid al-Lafi, a rencontré les autorités libanaises à Beyrouth. Au cours de cette entrevue, Walid al-Lafi a formellement remis au juge d’instruction libanais chargé de l’enquête le dossier exhaustif compilé par les autorités libyennes. « Nous avons fourni le dossier complet des investigations menées par nos services », a déclaré al-Lafi, ajoutant que la Libye se déclarait « prête à coopérer pleinement et à transmettre toutes les informations pertinentes » pour faire avancer l’affaire.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un mémorandum d’entente signé précédemment entre les deux nations, visant à faciliter l’échange d’informations et la poursuite des enquêtes. Le comité officiel libanais de suivi de l’affaire a confirmé la réception d’une copie des documents, précisant que les parties se sont accordées sur la création d’un canal de communication dédié. « Cela permettra de mettre en œuvre le mémorandum, d’échanger des suggestions et de mener à bien les investigations », indique le communiqué du comité.
Le président Joseph Aoun a salué cette avancée, déclarant que « toute mesure contribuant aux enquêtes en cours sur la disparition de l’imam al-Sadr et de ses compagnons est la bienvenue ». Cette position reflète l’importance symbolique et politique de l’affaire pour le Liban, où la communauté chiite continue de voir en al-Sadr un leader charismatique et un symbole de résistance.
Moussa al-Sadr, né en 1928 à Qom en Iran, était un érudit chiite influent qui a marqué l’histoire du Liban moderne. Issu d’une famille de religieux, il reçoit une éducation religieuse précoce à Qom avant de poursuivre ses études supérieures à Najaf, en Irak, haut lieu du chiisme. Après le coup d’État de juillet 1958 qui renverse la monarchie irakienne, al-Sadr retourne en Iran, puis s’installe au Liban en 1959, succédant à son père comme leader spirituel à Tyr.
Sa dernière apparition publique remonte au 25 août 1978, lors d’une visite officielle en Libye. Accompagné de deux proches collaborateurs – le cheikh Muhammad Yaqoub et le journaliste Abbas Badr al-Din –, al-Sadr est invité par le colonel Mouammar Kadhafi pour des discussions sur des questions régionales. Les trois hommes sont vus pour la dernière fois le 31 août 1978 à Tripoli. Selon la version officielle libyenne de l’époque, ils auraient quitté la Libye pour Rome à bord d’un vol Alitalia. Cependant, aucune trace de leur arrivée en Italie n’a jamais été trouvée, et les autorités italiennes ont confirmé qu’ils n’avaient pas embarqué et son sort demeure inconnu à ce jour.


























