Amnesty International a dévoilé dernièrement son rapport sur l’état d’urgence en Égypte, dans lequel le système judiciaire est devenu un moyen de réprimer les opposants politiques et les défenseurs des droits humains dans le pays, dans la mesure où il autorise automatiquement la détention arbitraire, facilite les disparitions forcées et les actes de violence. La torture protège les personnes qui violent les droits de l’homme et les empêche de répondre de leurs actes.
Le rapport souligne que le système judiciaire égyptien vise à faire taire toute voix critiquant le régime en place, soulignant que le parquet est impliqué dans de graves violations des droits de l’homme, telles que les disparitions forcées, les détentions arbitraires, les tortures et les mauvais traitements. C’est devenu un moyen de répression généralisée, en l’absence de toutes les voix critiques au nom de la « guerre contre le terrorisme ».
Lors d’une conférence de presse, la responsable des libertés d’Amnesty International, Katia Rowe, a évoqué les mesures que la France devrait prendre face à la situation désastreuse des droits humains en Égypte, d’autant plus que Paris qualifie le Caire depuis plusieurs années de partenaire stratégique.
Il a appelé les alliés internationaux du régime du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, en particulier en France, à ne pas sacrifier les principes des droits de l’homme pour des intérêts économiques, stratégiques ou de sécurité, appelant la France à exercer publiquement des pressions sur son allié, l’Égypte « pour mettre fin aux violations des droits de l’homme ».
« La France devrait maintenant le dire publiquement, car ce qu’elle a fait à propos de la situation des droits de l’homme en Égypte n’est pas suffisant », a déclaré Rowe lors d’une conférence. La France ne peut pas se taire, sinon elle sera complice et la communauté internationale doit également agir. »
De son côté, la citoyenne française Céline Lubran, épouse du défenseur des droits de l’homme égyptien Ramy Shaath, détenue au Caire depuis début juillet, a appelé les autorités françaises à établir un lien entre le dossier d’armement de l’Égypte et la nécessité de respecter les droits de l’homme, soulignant que les autorités égyptiennes avaient arrêté son mari car il était le coordonnateur général du boycott d’Israël. -C’est la vraie raison derrière son arrestation.
Lubran a ajouté que son mari avait été arrêté dans le cadre d’une répression contre toute forme d’opposition politique ou d’activité politique légitime en Égypte, soulignant qu’il était accusé de soutenir un groupe terroriste « nous ne connaissons pas son nom », comme elle l’a dit.
Elle a appelé à ce que le partenariat franco-égyptien soit subordonné au respect des droits de l’homme, et n’utilise pas d’armes françaises pour réprimer les défenseurs des droits de l’homme au Caire, et contre les Français résidant en Égypte, où elle s’est retrouvée entourée d’hommes de sécurité lourdement armés au milieu de la nuit chez elle.
Shaath, qui possède la citoyenneté égyptienne d’origine palestinienne, a joué un rôle dans la transformation démocratique de l’Égypte en participant à la fondation du parti « Constitution » et en coordonnant le boycott d’Israël. Ou l’introduction de médicaments et d’outils d’hygiène personnelle, selon les organisations de défense des droits de l’homme.
Auparavant également le photographe Hossam al-Sayyad et son épouse, le journaliste Sulafa Magdy, ont été arrêtés mardi avec l’avocat Mohamed Salah dans un café du Caire, selon l’avocat du couple, Nabih al-Janadi.
Al-Janadi a déclaré à l’Agence France Presse que le Procureur de la Sécurité de l’État les accusait de faire partie d’un groupe « terroriste ». Il a ajouté qu’en ce qui concerne le prédécesseur de Magdy, elle était également accusée de diffusion de fausses nouvelles.
Les trois accusés resteront en détention pendant 15 jours renouvelables.
El-Gennady a déposé plainte auprès du procureur après que Salafa Magdy eut déclaré qu’elle avait été torturée par des policiers dans le district de Dokki au Caire, où elle avait été emmenée après son arrestation.
Les arrestations ont eu lieu le lendemain de la libération d’un autre journaliste de Mada Masr, Shadi Zalat, dimanche, selon son compte Twitter. MADA Égypte est connue pour ses enquêtes sur la corruption et les problèmes de sécurité.
Dimanche, Amnesty International a condamné l’attaque contre le siège de Mada Masr, appelant le gouvernement égyptien « à s’abstenir de punir les journalistes pour s’être acquittés de leurs tâches légitimes ».
Amnesty International a exhorté la communauté internationale à exiger que l’Egypte «libère immédiatement des milliers de manifestants, militants et défenseurs des droits humains pacifiques», dont la plupart ont été arrêtés arbitrairement, en lien avec des manifestations appelant au départ du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi le 20 et 27 septembre.
Le 13 novembre, l’organisation a appelé à une « enquête sur le recours généralisé à la torture et à d’autres mauvais traitements par les forces de sécurité égyptiennes, ainsi qu’à de très mauvaises conditions de détention », ainsi qu’à « la cessation du recours répressif à des interdictions de voyager et au harcèlement judiciaire visant à punir les militants e le journalistes ».
Depuis l’entrée en fonction du président Abdel Fattah al-Sissi en 2014, l’Égypte a été le théâtre d’une répression contre les dissidents, les militants et les journalistes.
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a appelé mardi les autorités égyptiennes à respecter la liberté de la presse.