Sous les dorures du protocole, la scène est bien rodée : le président Abdelmadjid Tebboune, coiffé de ses multiples casquettes – chef de l’État, ministre de la Défense et « chef suprême » des Forces armées – reçoit son homologue mauritanien du secteur militaire, Hanana Ould Sidi Ould Hanana. Sur le papier, la rencontre a des allures de coopération régionale. En réalité, elle reflète une manœuvre politique bien huilée pour masquer l’isolement croissant du régime algérien en mimant une dynamique diplomatique sud-sud. Car la présence du ministre mauritanien, bien que symbolique, n’a rien d’un basculement stratégique. Elle s’inscrit dans une série de rencontres creuses, sans impact réel sur la sécurité du Sahel, sans feuille de route claire, et surtout sans vision régionale à long terme.
L’Algérie se contente désormais d’un rôle figuratif. Elle multiplie les gestes d’apparat, mais reste absente des grandes décisions multilatérales. La France, les États-Unis, les Émirats ou encore le Maroc ont pris de l’avance dans la redéfinition des équilibres sécuritaires au sud du Sahara. Pendant ce temps, Alger organise des réceptions officielles, met en scène des sourires et des poignées de main, et tente de faire croire à une centralité qui n’est plus.
Cette mise en scène révèle en creux une vérité amère, puisque la politique étrangère algérienne ne repose plus sur une doctrine ou une stratégie, mais sur des rituels. On reçoit, on communique, on photographie. On évite surtout les vrais débats : ceux sur l’instabilité régionale, sur la faiblesse du renseignement algérien face aux nouvelles menaces, sur l’absence d’une vision commune avec ses voisins du Maghreb.
Ce genre de rencontres, s’il avait lieu dans un contexte de leadership affirmé, aurait pu avoir un poids. Mais à l’heure où l’Algérie peine à résoudre ses propres contradictions internes, où la voix du pays est inaudible dans les cercles de décision africains, cette diplomatie de façade ne trompe plus personne. Elle reflète le symptôme d’un régime en quête de légitimité internationale, coincé entre les contraintes sécuritaires et les postures héritées d’un passé révolu.
