Après des années de souffrance sous une sécheresse d’eau potable, où certains quartiers doivent jouer à la roulette russe avec leur robinet (un jour sur trois, un jour sur six), Sidi-Bel-Abbès voit enfin son calice se remplir grâce à une pléthore de solutions hydratantes concoctées par nos vaillants bureaucrates.
Avec une générosité toute nouvelle, 18 localités et leur grand chef-lieu peuvent maintenant étancher leur soif avec l’eau provenant de la station de dessalement de Homaïne à Tlemcen. C’est comme si la région passait d’une zone de guerre à une oasis, où l’eau coule plus doucement que les excuses des politiciens.
Et comme si cela ne suffisait pas, notre Wali bien-aimé, Chibane Samir, a persuadé le ministère de l’Hydraulique de débourser 700 milliards de centimes pour un projet de pipeline à travers la campagne. Parce que pourquoi pas ? C’est de l’argent bien dépensé, du moment que ça coule, même si ça doit traverser la mer pour le prouver.
Et pour couronner le tout, lors de sa visite triomphale, le ministre de l’Intérieur a béni Sidi-Bel-Abbès de sa présence et d’un réservoir d’eau flambant neuf à Gouassem, capable de stocker 20 000 mètres cubes d’eau par jour. C’est comme si le paradis s’ouvrait pour les assoiffés, pendant que le reste d’Algérie se demande si une goutte de cette grâce divine pourrait tomber sur eux un jour.
Alors, entre les projets de pipelines qui s’étendent à perte de vue et les inaugurations grandioses, une chose est claire : tant que l’eau coule, les politiciens trouveront toujours un moyen de s’arroser mutuellement les épaules.