Les scientifiques de la NASA viennent de faire une découverte très intéressante sur Encelade, la lune glacée en orbite autour de la planète Saturne. Ils ont découvert de nouveaux composés organiques dans les panaches d’eau qui jaillissent de la surface d’Encelade.
Ces composés organiques contiennent notamment de l’oxygène et de l’azote, avec des traces d’un élément crucial au développement de la vie telle qu’on la connaît sur Terre.
Des composés organiques précurseurs de la vie sur Encelade
Déjà en 2017, la NASA avait annoncé la découverte de molécules organiques par la sonde spatiale Cassini, en 2004 et 2008, dans des panaches d’eau jaillissant de quatre fissures dans la glace près du pôle sud d’Enceladus. Les instruments de mesure de Cassini avaient alors permis de déterminer que 98% des matériaux projetés dans l’air depuis les profondeurs d’Enceladus étaient de l’eau et de la glace, environ 1% était de l’hydrogène, et le reste était composé de dioxyde de carbone, de méthane et d’ammoniac.
Nozair Khawaja de l’Université libre de Berlin et son équipe ont effectué des analyses plus poussées des données recueillies par Cassini et ils ont découvert des traces d’azote et d’oxygène contenant de l’amine, une classe de molécules dérivées de l’ammoniac. Ces amines sont semblables à celles qui se combinent pour former des acides aminés sur Terre. Et les acides aminés font partie des éléments essentiels de la vie telle que nous la connaissons.
Les scientifiques pensent que sous sa couche de glace, Enceladus cache un vaste océan sous-marin. Ils expliquent que les panaches se forment probablement lorsque des événements hydrothermaux éjectent des matériaux du noyau rocheux de la lune. Ces matériaux se mélangent alors à l’eau de l’océan sous-marin avant d’être projetés dans l’espace par les fissures de la surface. Une partie de la vapeur d’eau se condense en grains de glace et les chercheurs pensent que les amines se condensent à la surface de ces grains.
D’après les chercheurs, cette nouvelle découverte tend à laisser penser que la vie existe, ou pourrait se développer à l’avenir, sur Encelade. « Si les conditions sont réunies, ces molécules provenant de l’océan profond d’Encelade pourraient suivre le même processus de réaction que celui que nous voyons ici sur Terre », affirme Khawaja. « Nous ne savons pas encore si les acides aminés sont nécessaires pour la vie au-delà de la Terre, mais trouver les molécules qui forment les acides aminés est un élément important du puzzle. »
Les données recueillies par Cassini continuent de révéler leurs secrets
L’année dernière, après avoir analysé les données de Cassini, la même équipe avait découvert des fragments de grandes et complexes molécules organiques qui, selon eux, avaient été produits par les évents hydrothermaux. Les chercheurs avaient ainsi émis l’hypothèse que de grosses bulles de gaz émanant des évents situés dans le fond de l’océan d’Enceladus pourraient traverser des kilomètres pour remonter à la surface, laissant un mince film de molécules organiques à la surface, sous la couche glacée de la lune.
Mais les amines détectées dans la nouvelle étude sont encore plus intéressantes. « Nous trouvons ici des blocs organiques plus petits et solubles, des précurseurs potentiels des acides aminés et d’autres ingrédients nécessaires à la vie sur Terre », affirme le co-auteur de l’étude, Jon Hillier, dans un communiqué de presse.
La mission de la sonde Cassini a pris fin en 2017 après un crash contrôlé sur Saturne. Mais la masse de données qu’elle a collectées au cours de 13 années d’exploration du système Saturne est toujours en cours d’analyse. Le mois dernier, des données ont révélé par exemple que des explosions d’azote chaud permettaient de créer d’énormes lacs à la surface de Titan, la lune de Saturne. D’autres données ont suggéré que les anneaux de Saturne n’ont que 10 à 100 millions d’années, ou que les cinq minuscules lunes gravitant autour des anneaux de la planète sont fortement recouvertes de poussière.
Si la NASA n’a pas de plan concret de retour sur Encelade, pour l’heure, l’agence spatiale finance toutefois la mission Dragonfly vers Titan, la plus grande lune de Saturne. Cette mission aura pour but encore une fois d’explorer la planète à la recherche des éléments de base de la vie.
