Au début de l’année 2017, Phil Miles, un amateur d’astronomie, avait repéré un petit panache blanc brillant dans la ceinture équatoriale sud de Jupiter. Il avait immédiatement soupçonné une éruption d’ammoniac qui semblait jaillir des profondeurs de la planète et cracher dans la ceinture équatoriale sud. Quelques jours plus tard, une équipe de chercheurs de l’Université de Berkeley ont commencé à observer le phénomène de plus près.
Celle-ci a été menée par Imke de Pater, professeur émérite d’astronomie à l’Université de Berkeley. Afin de pouvoir regarder sous les nuages d’ammoniac et de glace qui couvrent la surface de la géante gazeuse, les scientifiques ont utilisé l’Atacama Large Millimeter/Submillimeter Array (ALMA), un puissant télescope basé au Chili.
Les résultats de l’étude ont été publiés dans Astronomical Journal et sur le serveur de préimpression arXiv.org le 22 août 2019.
Une carte de la distribution de l’ammoniac gazeux
Les experts ont observé ce qui se passe à environ 48 kilomètres sous les nuages. Ils estiment que leur étude a permis de comprendre un lien crucial qui, jusqu’ici, a constitué « un chaînon manquant » dans le modèle établi sur les dynamiques qui animent la planète.
Les experts ont expliqué que ces panaches, ou éruptions, sont des tempêtes intenses. Elles se produisent sous la couche de nuage et sont capables de générer des éclairs, un peu comme les orages sur Terre.
« ALMA nous a permis de faire une carte tridimensionnelle de la distribution de l’ammoniac gazeux sous les nuages », a déclaré M. de Pater dans un communiqué. « Et pour la première fois, nous avons pu étudier l’atmosphère sous les nuages d’ammoniac après une éruption énergétique sur Jupiter. »
La carte situe le panache dans la ceinture équatoriale sud, sous les sommets des nuages visibles. D’après les estimations des astronomes, il prend source à environ 80 km sous la surface. Il résulterait de l’air humide qui circule au fond des nuages d’eau.
Une perturbation à grande échelle
L’équipe a constaté une expansion de l’éruption. Le phénomène semble avoir entraîné l’ammoniac des couches inférieures vers le sommet des nuages de la plus grosse planète du système solaire. Ainsi, le petit panache blanc s’est transformé en « une perturbation à grande échelle ». Celle-ci a pu être observée à travers le télescope spatial Hubble, le Very Large Telescope au Chili et plusieurs télescopes à Hawaii.
« Nos observations ALMA sont les premières à montrer que des concentrations élevées d’ammoniac sont soulevées lors d’une éruption énergétique », a déclaré M. de Pater. « La combinaison d’observations simultanées à différentes longueurs d’onde nous a permis d’examiner l’éruption en détail. »