Le Soudan a décidé de suspendre son adhésion à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le bloc régional d’Afrique de l’Est, en raison d’allégations selon lesquelles le bloc aurait « violé » la souveraineté du Soudan en invitant le chef des Forces de soutien rapide (RSF) à un sommet.
Le gouvernement soudanais, actuellement en proie à une guerre dévastatrice, a officiellement annoncé cette suspension par le biais du ministère des Affaires étrangères, sous la direction d’Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée et dirigeant de facto du pays.
Les affrontements entre l’armée soudanaise et le groupe paramilitaire RSF durent depuis neuf mois, entraînant la perte de milliers de vies et le déplacement de plus de sept millions de personnes. Cette semaine, le gouvernement a gelé ses relations avec l’IGAD, préalablement à une réunion du bloc en Ouganda, en réaction à l’invitation du chef des RSF, Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo, qu’il a qualifiée de violation de la souveraineté nationale et de création d’un « dangereux précédent ».
L’IGAD, aux côtés des États-Unis et de l’Arabie Saoudite, a tenté à plusieurs reprises de jouer le rôle de médiateur entre les deux parties en conflit, mais sans succès.
Le conflit a éclaté en avril en raison d’un projet soutenu par la communauté internationale visant à intégrer les RSF dans l’armée et à initier une transition vers des élections. L’armée et les RSF avaient précédemment partagé le pouvoir après le renversement du dirigeant de longue date Omar al-Bashir lors d’un soulèvement populaire en 2019. Toutefois, en 2021, ils ont organisé conjointement un coup d’État, perturbant les efforts de transition démocratique au Soudan.
Tout au long du conflit, les deux parties ont été accusées de crimes de guerre, tels que des bombardements indiscriminés de zones résidentielles, la torture, et la détention arbitraire de civils. Les RSF ont également été accusées de massacres à caractère ethnique, notamment au Darfour, ainsi que de pillages généralisés et du recours au viol comme arme de guerre. Les chiffres des Nations Unies estiment à plus de 13 000 le nombre de personnes tuées dans le conflit, avec 7,5 millions de civils fuyant les combats, soit à l’étranger, soit vers d’autres régions du pays.